Avant toutes choses : si vous êtes en voiture et que vous souhaitez vous rendre à la croix directement, vous êtes mal barré ! Je m’explique : aucune indication en bordure de route, le chemin qui mène à la croix est dans un état lamentable (ci-dessus, photo de l’entrée du chemin depuis la D101). Prévoyez des bottes et des vêtements clairs si vous préférez vous préserver des tiques. Je vous conseille une carte IGN (ou son application smartphone) pour plus de facilité.
C’est seulement une fois dans le bois, bien caché derrière les arbres feuillus, qu’un panneau jaune de randonnée indique que nous nous trouvons au bouchot des roches. Il faut compter 500 mètres aller, et autant en retour. Nous avons donc atterri sur le sentier des Fermes.
Les cinq cents mètres sont vécus comme un véritable calvaire. D’ailleurs, on a l’impression de faire le triple. Il faut éviter les branches, la boue, les flaques d’eau, les herbes hautes. Même en tant que randonneur(se) et passionné(e) de nature, on n’éprouve aucun plaisir à suivre ce bout de chemin. On devine la direction à suivre, il n’y a aucun marquage et le sentier se dégrade parfois. Mais, enfin ! Au bout de vingt minutes, on aperçoit un panneau et la croix plantés là, au milieu de nulle part.
Cette croix est un véritable mystère historique. Pourquoi se trouve-t-elle ici, au milieu des bois ? A cet emplacement précis ? Pourquoi est-t-elle percée ? De quand date-t-elle ?
On la nomme la “belle-croix”, ou la “croix percée”, il en existe une deuxième sur la commune de Charrey-sur-Seine en Côte-d’Or. Au fil des siècles passé, les archéologues ont trouvé de nombreux tumulus dans le bois et aux alentours. La croix, dit-on, a elle-même été planté sur l’un de ces anciens tumulus (aplatis au fil des siècles à cause du passage des charrues). Certains pensent qu’elle marque l’emplacement d’une tombe d’une personnalité importante, que ce soit du monde religieux, ou tout simplement de la tombe d’un soldat romain bien aimé ou haut gradé. Il est vrai que sous la croix, on trouve une dalle rectangulaire. On parle également d’un possible monument druidique, cette croix aurait été la marque des premiers chrétiens cherchant à apporter leurs croyances.
Revenons aux fouilles archéologiques dans le secteur qui ont permis de mettre à jour un poignard et d’autres armes de l’âge du bronze, et de savoir qu’à l’époque gallo-romaine, les lieux étaient également bien occupés. Du côté de Magny-Lambert (commune voisine), les fouilles du Trembloy qui ont révélé en 1872 et 1873 toute l’importance de la civilisation celtique dans le Châtillonnais. Deux menhirs sont mis en évidence : Celui de Toutifaut au lieu-dit “les Pierrottes” proche des ruines de la chapelle Saint-Hubert, et le menhir de la grande borne entre “Meursauge” et “la Folie”.
La croix percée est un monument protégé, inscrit aux monuments historiques par arrêté du 10 novembre 1925. Elle daterait du 14ième siècle. Sa construction laisse penser qu’il s’agit d’une récupération de la partie centrale d’une fenêtre voûtée d’une abbaye, d’un château ou tout autres bâtisses moyen-âgeuses…
Le folklore populaire lui attribue des propriétés thérapeutiques, par exemple, on disait qu’autrefois, pour soigner les nourrissons, on les passait à l’intérieur de la croix. S’ils souffraient de douleurs abdominales, il fallait attendre la pleine lune pour les faire passer une dizaine de fois. La croix percée de Charrey-sur-Seine est placé au cœur du village, mais est, toutefois assez similaire. Elle est également du 14ième siècle, classée aux monuments historiques, et les légendes rapportent les mêmes vertus. Les autres croix percées que l’on retrouve en France sont d’architectures différentes, mais les légendes restent similaires. Il fallait faire passer 3 fois l’enfant dans l’anneau pour le préserver des fièvres.
Dommage que ce patrimoine ne soit pas plus mis en valeur !
Je conseille la balade en hiver, les tiques se font plus rares. Sous la neige, il pourrait y avoir un certain charme qui s’opère.
Bonne balade !
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis la commune de Semond, prendre la petite départementale (D101) en direction de Villaines-En-Duesmois. A l’entrée du bois, il y a un chemin sur la droite, on peut facilement s’y garer. Continuer à pied sur la D101 pendant une vingtaine de mètres, et tourner à gauche dans le bois. Suivre le chemin en mauvais état jusqu’à apercevoir un panneau sur votre gauche. La croix est à une trentaine de mètres devant le panneau.
A proximité :
- Ruines du Château de Villaines-en-Duesmois
- Ancienne Abbaye du val des Choues
- Abbaye de Fontenay à Montbard
- Musée et parc Buffon à Montbard
- La source de la Douix à Châtillon-sur-Seine
Sur la carte :