Quarré-les-Tombes, commune de moins de 1000 habitants faisant partie de l’arrondissement d’Avallon, dans l’Yonne. Nous sommes ici au cœur du massif du Morvan. Drôle de nom pour une commune me direz-vous. Le village est très connu dans la littérature archéologique et touristique pour sa particularité, il s’appelait autrefois tout simplement « Quarré » (Carré, Quadratie, Quadris, Quadrariae, Cadriacum), mais la découverte de plus de deux mille tombes à un peu bouleverser la vie du village et deviendra Quarré-les-Tombes après la Révolution. Ces tombes sont en fait des sarcophages en pierre calcaire. En trouver en si grand nombre dans un secteur peu peuplé n’est pas commun.
Le site est connu depuis très longtemps. La mention de deux mille sarcophages est possiblement exagérée par les observateurs de l’époque. En 1674, Lazare-André Bocquillot en comptait environ cinq cents puis deux cent vingt six en 1718. L’abbé Blaise Bégon, qui fut aussi maire de Quarré permit aux habitants du village et de tous les hameaux avoisinant à réutiliser ces pierres pour leurs habitations ou tout simplement pour en faire des auges. Cette pratique n’a jamais été une surprise puisque l’on faisait de même pour certains châteaux-forts. Aujourd’hui, on explique qu’il ne reste plus que 112 sarcophages, or, en réalité, il s’agit de 112 éléments : 46 cuves et 66 couvercles. Il y en avait autrefois partout, empilé sur la place autour de l’église Saint-Georges.
Au 18ième siècle, Philibert Bernard Moreau de Mautour tente de comprendre s’il s’agit d’un entrepôt ou d’une nécropole (ceci faisant polémique jusque dans les années 1950).
Les questions à propos de ces sarcophages sont nombreuses, les quatre principales questions que se posent les spécialistes : d’où proviennent ses sarcophages en pierre ? Pourquoi un nombre de sarcophages supérieurs au nombre d’habitant ? Par qui ont été taillés ses sarcophages ? Et dans quel but ?…
Nous allons ici essayez de répondre à ces quelques questions. Tout d’abord, il s’agit de sarcophages de type « bourguignons champenois » et de forme trapézoïdale. La pierre calcaire « proviendrait » d’une ancienne carrière se situant près de la commune de Coutarnoux. On sait que cette carrière dite « Carrière de Champ Retard et Grotte de Champ Retard » était exploité dès le 7ième siècle (aujourd’hui transformé en parc de loisirs). Quarré-les-Tombes est distant de plusieurs dizaines de kilomètres de la carrière (environ 40). Les sarcophages ont été trouvé dans l’ancien cimetière du village. Ils ont tous été retrouvés vide. Vide d’ossements, de signes religieux et vide d’objets. Ceci laisse présumer qu’il s’agirait vraisemblablement bien d’un entrepôt afin de desservir le besoin en pierre tombale dans ce secteur à l’époque Mérovingienne.
Prévoyait-on un massacre ? Les prémices d’une bataille ? Ou des maladies décimant la population ? C’est bien triste à dire, mais le mystère reste entier. Plusieurs légendes se sont propagées, l’une d’elles est rattachée à Saint-Georges. Au 8ième siècle, les Sarrasins envahissent la Gaule, bien entendu, ils passent par la Bourgogne et détruisent tout sur leur passage. Les voici, arrivant à Quarré, confrontés à l’armée des Mérovingiens aidés par de vaillants paysans. Mais Renaud, fils d’Aymon, roi des Ardennes, preux chevalier et légèrement fatigué s’endort au pied d’un chêne alors qu’il était en train de remporter la bataille. C’est à ce moment précis, que saint Georges intervient et réveil Renaud à l’aide de sa lance. La bataille se termine avec une véritable hécatombe du côté des Mérovingiens. C’est ainsi que saint Georges, un peu gêné, fit poser des milliers de cercueils afin de rendre une mort décente à tous ses soldats et aussi qu’ils puissent aller droit au Paradis. On disait voir des milliers de pierres tombant du ciel. Une autre version, évoque les Vikings au 9ième siècle, pour ces deux légendes, la bataille se serait déroulée à Champ Culan.
Revenons les pieds sur terre, et à nos questionnements. Plusieurs problématiques se posent à nouveau. Il est expliqué que ces sarcophages seraient un dépôt, et que donc, Quarré servait de zone de stockage afin de desservir le secteur. On explique aussi le fait que Quarré soit une « ville » marchande et industrielle de sarcophages. Sauf qu’il est tout à fait possible, au vu de l’ancienneté de la découverte, que tous ces cercueils ont été pillé au fil des siècles, ce qui explique l’absence d’armes, de bijoux ou de tout autres objets précieux de cette époque. Autre possibilité, le lieu aurait pu être considéré comme un lieu sacré, pour une raison que l’on ne connaît pas. Quant aux ossements à l’intérieur des pierres tombes, il est tout à fait possible qu’ils aient été détruits par les acides organiques.
A ce jour, on ne peut répondre à aucunes de ces questions avec une certitude absolue.
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis Avallon, prendre la D10. Depuis Saulieu, prendre la D977Bis, tourner sur la droite sur la D106, passer Saint-Agnan, puis la D20 et la D10 direction Quarré-les-Tombes. Les sarcophages se situent autour de l’église, au centre de la commune.
A proximité :
- La roche des Fées à Quarré-les-Tombes
- Maison Vauban, musée faisant partie de l’Écomusée du Morvan à Saint-Léger-Vauban
- Abbaye Sainte-Marie de la Pierre-qui-Vire à Saint-Léger-Vauban
- Dolmen de la Pierre-qui-Vire à Saint-Léger-Vauban
Sur la carte :