Ces rochers sculptés sont restés un mystère depuis des décennies, sûrement par un certain manque de communication. Certains pensaient même qu’elles dataient du Moyen Âge.
Aujourd’hui, on connaît la véritable histoire de ces blocs de granit, et je vais vous la raconter sans langue de bois.
Alors certes, le site est magnifique et son histoire est touchante. Mais sachez avant d’aller plus loin que l’accès n’est pas gratuit. Chose étonnante lorsqu’un sentier de randonnée passe par là, et que le site se trouve à même au bord de l’océan.
Avant-propos : Témoignage en date du mois d’août 2019. Ce que l’on va écrire ici ne va sûrement pas plaire à certains, mais on préfère être franc et honnête avec vous. C’est un peu la marque de fabrique du site, et vu qu’on ne touche pas encore d’enveloppes suspectes, on peut se le permettre. Alors tout d’abord, vous arrivez à un parking, un panneau vous indiques qu’il est gratuit ? et qu’il est à partagé avec les clients du restaurant. Voui parce qu’en fait le site est privé et il appartient au restaurant. Pour aller aux WC, par exemple, il faut traverser les tables et aller demander la clef au restaurateur. C’est pratique ! Au bout du parking, vous verrez une petite guitoune avec une gentille dame qui attend les soussous. Le prix n’est pas exorbitant non plus, mais on s’attend à quelque chose en retour. Hé bien non ! Il y a un chemin à travers le buis qui mène aux rochers. Le site est rempli de visiteurs alors que le chemin devient périlleux. Escalier taillé dans la pierre, les touristes tentent de se croiser, ne savent plus où mettre les pieds, chevauchent les sculptures, essaient de ne pas tomber (surtout dans le ravin). Il n’y a aucune sécurité et c’est surtout pour cette raison que l’on est sévère.
A la sortie du site, nous avons écouté et échangé avec les autres visiteurs. Pratiquement tout le monde était déçu. « Il n’y a que ça? », « y a même pas de barrières, les enfants peuvent tomber ». On voyait également les gens faire demi-tour devant la guitoune quand ils ont vu que l’accès était payant. On a vu aussi des touristes descendre jusqu’à l’eau pour chercher d’autres sculptures…
Le site est tout de même impressionnant et il est préférable de s’y rendre quand il y a peu de monde pour pouvoir apprécier l’oeuvre. Un peu plus de trois cents sculptures ont été taillées sur un espace concentré et relativement modeste. Ces sculptures représentent tout un panel de personnages et de créatures fantastiques. On peut y voir par exemple des pirates, des marins et des monstres marins, des contrebandiers en famille, mais aussi le célèbre Gargantua, des êtres venant de l’enfer, des gnomes. On peut voir une sorte de petite grotte, c’est la grotte des pénitents.
Non, ces sculptures ne datent pas du Moyen Âge ! Ce sont les œuvres d’un prêtre que l’on surnommait l’ermite ou l’abbé Fouré ou encore le facteur cheval breton et datent d’une époque bien plus récente. Adolphe Julien Fouéré est né en Bretagne en 1839. Il deviendra un prêtre en 1863, et sera apprécié par tous. Il défendra un mouvement d’ouvriers travaillant dans les hauts-fourneaux. En 1894, une pétition est signée par des paroissiens pour qu’il reste recteur dans la paroisse de Langouët. Mais l’homme devient sourd et muet et se retire à Rothéneuf. Ce ne sont que des suppositions mais l’homme a très possiblement été victime d’une attaque cérébrale.
A Rothéneuf, il entame alors ce travail de titan, sculpter plusieurs centaines de personnages dans des roches. En parallèle, il réalise aussi des sculptures en bois dans sa maison. Il faudra une quinzaine d’années à l’abbé Fouré pour réaliser ses chefs-d’œuvre d’art naïf. Son état de santé se dégrade à partir de 1907, il devient paralysé et meurt trois années plus tard, le 10 février 1910 à l’âge de 70 ans.
Le site aussi est dans un état plutôt préoccupant. Un peu comme s’il suivait le même chemin que son créateur pour disparaître à petit feu. L’érosion marine abîme les sculptures. Et c’est pourquoi je vous conseille tout de même de le visiter (comme on dit : « il faut le voir au moins une fois dans sa vie… »). Tout comme l’oeuvre du facteur cheval, c’est unique au monde et puis ces pierres ont une histoire…
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis Saint-Malo, prendre Avenue du Général De Gaulle (D301) et contourner jusqu’au grand rond-point des Français libres. Prendre la deuxième sortie sur la D355 et rouler jusqu’à la Secouette, prendre à gauche « haut manoir », passer les courssières, puis la Hérissonnais, continuer jusqu’à la D201, direction Rothéneuf. A Rothéneuf, prendre la rue de l’Abbé Fouré / Pointe de Rothéneuf.
A proximité :
- La cité Corsair de Saint-Malo
- L’aquarium de Saint-Malo
- Manoir de Limoëlou appartenant à Jacques Cartier
- la Chapelle Notre-Dame-des-Flots – ancienne guérite des douaniers reconvertie en chapelle en 1889
Sur la carte :