Au cœur du pittoresque département du Tarn en France, dans la localité de Vaour, un témoin fascinant du passé se dresse fièrement entre deux routes départementales. Le dolmen de Vaour, familièrement surnommé “La Peyro”, ou Peyrelevade ou encore “La Jayantière”, s’impose comme un monument mégalithique emblématique de la région. Au-delà de sa majestueuse présence, ce dolmen détient un récit captivant qui relie le présent à un passé lointain, marquant ainsi le paysage tant physique que culturel.
Le dolmen de Vaour a acquis une renommée bien méritée, étant le plus grand dolmen du Tarn. Ce monument imposant, inscrit sur la liste des Monuments historiques depuis 1889, a traversé les générations, évoquant le mystère et l’héritage des civilisations passées. Les traces gallo-romaines découvertes dans sa chambre funéraire attestent de sa longue histoire et de son utilisation persistante à travers le temps. Les efforts pour comprendre et préserver ce trésor du passé ont été constants. Des campagnes de fouilles, menées avec soin et dévouement, ont été entreprises pour percer les secrets que le dolmen de Vaour conserve. En 1984, une expédition sous la direction de Jean Lautier a permis d’explorer quelques uns de ces mystères cachés. Cependant, la campagne de 1994, dirigée par Bernard Pajot, s’est avérée encore plus significative. Ces explorations ont contribué à révéler la richesse archéologique enfouie sous la terre et les pierres.
Les murettes de clôture encadrent la chambre funéraire de manière précise, soulignant l’attention portée aux détails lors de la construction. Les orthostates, ces grandes dalles verticales qui délimitent la chambre, varient en taille et en épaisseur. Ces orthostates mesurent environ 3,73 mètres de long sur 1,75 mètre de large pour une épaisseur de 0,12 à 0,25 mètre. Malheureusement, l’orthostate de droite présente des signes de dégradation, avec une ouverture d’environ 1 mètre sur 0,55 mètre résultant d’un délitement naturel et d’une cassure accidentelle. L’orthostate de gauche est mieux conservé, mesurant environ 3,53 mètres de long sur 1,70 mètre de large pour une épaisseur de 0,18 à 0,37 mètre. Ces dalles support sont enfoncées d’environ 0,40 mètre dans des fosses de fondation creusées dans le substrat rocheux. Une dalle de couverture, qui couvrait autrefois la chambre funéraire, mesure environ 4,62 mètres de long sur 2,86 mètres de large pour une épaisseur de 0,50 à 0,60 mètre.
Autrefois recouvert d’un tumulus trapézoïdal, un amas massif de pierres qui protégeait le monument, le dolmen de Vaour a vu le temps effacer cette caractéristique distinctive, comme c’est souvent le cas pour de nombreux mégalithes. Cependant, les murettes de clôture en pierres sèches, soigneusement dressées pour délimiter le périmètre de ce lieu sacré, ont persisté à travers les âges. Révélées par les fouilles de Bernard Pajot en 1994, ces murettes offrent un aperçu de l’attention méticuleuse portée à la construction du monument.
Cependant, la préservation de ce patrimoine culturel n’est pas sans défis. Les murettes de clôture ont été malheureusement altérées par des intrus cherchant peut-être des trésors cachés. Malgré les mesures prises pour protéger le site, certains actes de vandalisme ont persisté, endommageant la délicate structure construite par les ancêtres.
La sensibilisation à l’importance de ce monument s’est traduite par des actions concrètes. La municipalité de Vaour, en suivant les recommandations de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), a pris des mesures pour protéger les alentours du dolmen, recouvrant la zone de gravier tassé et envisageant même l’utilisation d’un géotextile pour renforcer la préservation.
Cependant, le potentiel de mise en valeur de ce site exceptionnel reste à exploiter. Actuellement, l’aménagement autour du dolmen se limite à une aire de parking gravillonnée. Pourtant, avec sa place sur la liste des Monuments historiques, le dolmen de Vaour mérite une mise en scène qui révèle pleinement sa grandeur et son importance.
Heureusement, les partenaires concernés, notamment la DRAC, le CDAT, la mairie de Vaour et la Fondation du Patrimoine, sont conscients des enjeux et de la nécessité de préserver cet héritage. À l’avenir, des projets visant à valoriser davantage ce dolmen devraient émerger, s’inspirant des exemples réussis de valorisation de mégalithes en France et en Occitanie.
Enfin, la légende qui entoure le dolmen de Vaour, c’est comme un fil d’or qui relie le passé et le présent. Selon ce récit local, des géants auraient érigé ce dolmen pour y sacrifier de jeunes femmes. La légende rapporte que Saint Antonin aurait sauvé l’une de ces victimes, provoquant la colère des géants qui brisèrent la dalle de couverture. Cette légende, transmise de génération en génération, enrichit le récit du dolmen, liant ainsi les histoires des anciennes cultures aux perceptions contemporaines de ce monument énigmatique.
En somme, le dolmen de Vaour, témoin d’une histoire ancestrale, incarne la connexion entre le passé et le présent. Entre la réalité archéologique, la préservation et les légendes qui circulent, ce monument préhistorique captive l’imagination et demeure un joyau culturel et historique du Tarn.
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis le centre de la commune de Vaour, prendre la départementale 15 en direction de St-Michel-de-Vax. Le dolmen se situe sur la droite, peu avant le croisement avec la départementale 91.
A proximité :
- Ancienne commanderie Templière de Vaour
- Village pittoresque de Cordes-sur-Ciel
- Château-musée du Cayla à Andillac
- Menhir sur la commune de Vieux (81)
Sur la carte :