

La commune de Braux-le-Châtel, nichée dans le département de la Haute-Marne en région Grand Est, abrite un trésor archéologique d’une grande importance : la fontaine gallo-romaine. Cet édifice, classé monument historique depuis 1915, est situé en périphérie du village, au sein d’une construction préservant la source du Brozé.
La fontaine gallo-romaine se démarque par ses éléments sculptés, qui dépeignent des scènes aquatiques mettant en scène des naïades et des tritons. Cette structure en forme de conque est soutenue par deux tritons, dont les queues se recourbent gracieusement. Au centre du plein cintre, une couronne de grandes coquilles ajoute à son charme. Sur les côtés extérieurs, un triton est représenté sur le dos, avec une naïade partiellement couchée. Bien que certaines parties des dauphins soient quelque peu effacées, leur présence confère à la fontaine une ambiance marine distincte.




Dans la culture gallo-romaine, les tritons et les naïades étaient des figures mythologiques associées à l’eau, notamment aux rivières, aux sources et aux cours d’eau. Ils étaient généralement considérés comme des esprits ou des divinités liés à ces éléments naturels. Voici une brève description de chacun :
- Tritons : Les tritons étaient des créatures marines masculines, souvent représentées comme des hommes à partir de la taille, mais ayant une partie inférieure de corps similaire à celle d’un poisson, avec une queue de poisson. Ils étaient les fils de Poséidon, le dieu grec de la mer, et étaient chargés de veiller sur les océans et les cours d’eau. Les tritons étaient souvent associés à la musique, portant des conques (sorte de coquillages) qu’ils utilisaient pour créer des sons mélodieux sous l’eau. Dans l’iconographie gallo-romaine, on pouvait les retrouver sculptés ou représentés sur des objets d’art, des mosaïques ou des fresques.
- Naiades : Les naiades étaient les nymphes des sources, des rivières et des fontaines dans la mythologie romaine. Elles étaient considérées comme des esprits féminins de l’eau douce et étaient souvent associées à la beauté et à la pureté. Les naiades étaient censées habiter ces lieux aquatiques, et on croyait qu’elles pouvaient être capricieuses et jouer des tours aux mortels qui s’aventuraient trop près de leurs domaines. Dans l’art et la littérature gallo-romains, les naiades étaient parfois représentées comme des jeunes femmes élégantes, souvent nues, entourées de symboles liés à l’eau.
Ces figures mythologiques étaient intégrées à la vie quotidienne des Gaulois et des Romains, et elles étaient honorées et vénérées à travers divers rituels et offrandes pour apaiser leur pouvoir sur les éléments aquatiques.
Cet édifice a également une importance historique majeure, car il est situé sur l’axe de la voie romaine reliant Andemantunnum (Langres) à Dorocortorum (Reims). Cette voie, attestée par les services vicinaux, mesure 5 mètres de largeur et 1,5 mètre d’épaisseur, et certaines parties de routes entre Braux et Bricon ont été doublées pour faciliter le passage.
La fontaine est adossée à un lavoir à l’extérieur du village, ce qui suggère son rôle essentiel dans la vie quotidienne de la communauté gallo-romaine. En effet, la fontaine permettait de canaliser l’eau de la source pour approvisionner les habitants en eau potable, et elle servait également de point de ravitaillement pour les voyageurs empruntant la grande voie gallo-romaine.
Lors de la construction du chemin de fer, des traces d’habitat gallo-romain ont été découvertes le long de la rivière Le Brauzé, mettant en lumière l’importance historique de cette région.

La fontaine elle-même est une œuvre d’art remarquable, mesurant 91 cm de hauteur, 185 cm de longueur et 90 cm de largeur. Elle est ornée de motifs aquatiques tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Les frises intérieures dépeignent des Néréides, Vénus, des dauphins, des tritons, des créatures marines, des centaures marins, ainsi que des éléments de la végétation.
Au XIXe siècle, la fontaine, bien que quelque peu endommagée, a été rattachée à un lavoir situé à l’extérieur de Braux-le-Châtel. En 1915, elle a été classée monument historique, préservant ainsi son importance pour les générations futures. Malheureusement, des blocs ont été placés devant la fontaine, obstruant son accès et l’empêchant de remplir sa fonction originale. Des études ont révélé que l’un de ces blocs proviendrait même d’un tombeau.
La “fontaine gallo-romaine” de Braux-le-Châtel, également connue sous le nom de “Fontaine Jeusin”, est un vestige fascinant de l’histoire des Lingons, et elle trouve des parallèles intéressants dans d’autres sites de cette époque. En somme, cet édifice représente un témoignage exceptionnel de la vie et de la culture gallo-romaines dans cette région, et sa préservation continue à captiver les amateurs d’histoire et les archéologues.
Quelques photos :
































Pour s’y rendre :
Depuis la mairie de Braux-le-Châtel, prendre rue de la Fontaine, puis, chemin de la Maladerie, tourner à gauche et descendre jusqu’à la fontaine. Les vestiges gallo-romains se trouvent facilement sur l’une des extrémités de la fontaine.
A proximité :
- La pierre qui tourne d’Euffigneix
- Fontaine Saint-Bernard à Ville-sous-la-Ferté
- Le moulin de la Fleuristerie à Orges
Sur la carte :


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