Le château de Druyes, un témoin de l’histoire médiévale
Le château de Druyes est un ancien château fort, situé dans le département de l’Yonne, en Bourgogne-Franche-Comté. Il domine le village de Druyes-les-Belles-Fontaines, qui porte bien son nom avec ses sources et son lavoir. Ce château, construit vers 1170 par les comtes de Nevers, a connu une histoire mouvementée, marquée par des personnages illustres, des conflits, des transformations et des restaurations. Dans cet article, nous vous proposons de découvrir l’histoire et les secrets de ce monument historique, qui est un exemple de château philippien, un type de château fortifié à plan carré avec des tours circulaires aux angles.
Les origines du château et du village
Remontons aux temps de l’Antiquité romaine, époque où une voie romaine reliant Clamecy à Thury traversait ces terres. Aux alentours de 543, un monastère voit le jour, marquant le début du développement d’un village. Druyes est mentionnée comme paroisse d’Auxerre en 596, sous le nom de « Drogia ». Cette implantation se situe vraisemblablement à proximité des sources, une zone difficile à sécuriser, et elle est abandonnée lors des incursions normandes au IXe siècle. À cette période, la population aurait probablement cherché refuge sur le plateau rocheux surplombant la rivière. Le nouveau village ne bénéficie alors que d’une protection modeste, peut-être une simple palissade, dont aucune trace n’a perduré.
Ce n’est qu’au XIIe siècle que les comtes de Nevers, vassaux du roi de France, érigent le château de Druyes. Ce bastion stratégique était destiné à surveiller la route entre Paris et Lyon, assurant la protection des terres comtales. Il s’inscrit dans la première génération des châteaux philippiens, également appelés châteaux-cours, édifiés à l’époque du roi Philippe Auguste. Ils se caractérisent par un plan simple, des tours circulaires permettant une défense optimale à moindre coût. Construit vers 1170, le château de Druyes adopte un plan carré de 53 mètres de côté, ses angles étant défendus par quatre tours cylindriques. Trois des quatre courtines sont agrémentées d’une tour carrée. La tour nord, la plus imposante, sert de porte d’entrée fortifiée. Un logis spacieux, aujourd’hui disparu, était adossé à la courtine sud, présentant des ouvertures romanes en plein cintre.
L’apogée du château au XIIIe siècle
Le château de Druyes a été fréquemment occupé par Pierre II de Courtenay, qui fut autrefois l’empereur de Constantinople, et plus tard par sa fille Mathilde, comtesse de Nevers, Auxerre et Tonnerre, au XIIIe siècle. Ces deux figures ont indélébilement marqué l’histoire du château et du village. Pierre II de Courtenay, fils de Louis VI le Gros, frère de Philippe Auguste et père de Robert de Courtenay, également empereur de Constantinople, s’est uni à Agnès de Nevers, l’héritière du comté de Nevers. Cette union lui conféra les titres de comte de Nevers, d’Auxerre et de Tonnerre. En 1216, il fut élu empereur de Constantinople par les barons de la quatrième croisade, mais son périple fut interrompu par sa capture par les Bulgares, aboutissant à sa mort en captivité en 1219.
L’empreinte de Pierre II de Courtenay est visible à travers la construction de la galerie romane qui ornait le logis seigneurial, aujourd’hui l’un des rares vestiges de cette époque. Il entreprit également la création du canal de Druyes, alimentant le château en eau. Le château de Druyes était souvent le lieu de résidence de Pierre II, où il tenait sa cour et accueillait des hôtes illustres tels que le roi de France Philippe Auguste, son frère, en 1214, après la victoire de Bouvines.
Mathilde de Courtenay, la fille de Pierre II de Courtenay et d’Agnès de Nevers, hérita des comtés de Nevers, d’Auxerre et de Tonnerre. Elle épousa Hervé IV de Donzy, seigneur de Gien et de Château-Renard. Mathilde, une femme au caractère fort, sut défendre ses droits et ses terres contre les prétentions de ses voisins, en particulier le duc de Bourgogne. Femme pieuse, elle contribua à la fondation de l’église romane du village, abritant son tombeau et celui de son mari. Elle fit également des dons de terres et de reliques à diverses abbayes et églises. Son décès survint en 1257, sans descendance directe, laissant derrière elle un héritage significatif.
Le déclin du château du XIVe au XVIIIe siècle
Le déclin du château de Druyes débuta au XIVe siècle, à la suite du décès de Mathilde de Courtenay. La seigneurie de Nevers passa successivement entre les mains de la maison de Flandre, puis de la maison de Bourgogne, et enfin de la maison de Clèves. Les comtes de Nevers négligèrent le château qui, par la suite, ne servit plus que de résidence à un capitaine et à une garnison. Impliqué dans divers conflits, dont la guerre de Cent Ans, les guerres de Religion et la Fronde, le château subit des sièges répétés, des incendies et des pillages qui le dégradèrent progressivement.
Au XVIIe siècle, le château perdit tout intérêt sur le plan militaire et fut abandonné. Il changea de propriétaire en 1659 lorsqu’il fut vendu au cardinal Mazarin, qui le transmit ensuite à son neveu Mancini. En 1735, le marquis d’Aulezy de Damas acquit le château et entreprit sa transformation en une demeure moderne. Les tours et les courtines furent abattues, laissant place à un nouveau logis. Cependant, ce château subit une destinée tragique pendant la Révolution de 1793. Les habitants de Druyes, craignant qu’il ne devienne une prison ou une caserne, décidèrent de le démolir, ne laissant derrière eux que des ruines du château médiéval.
Ainsi, le château de Druyes, autrefois témoin de gloire et de conflits, connut une série de transformations et de déclins au fil des siècles, jusqu’à ce qu’il ne reste que les vestiges de son passé médiéval.
La restauration du château du XIXe siècle à nos jours
Le château de Druyes, érigé en monument historique en 1924, ne trouva un véritable élan de préservation qu’à partir de la seconde moitié du XXe siècle, où les résidents de Druyes et les autorités publiques se mobilisèrent pour le soustraire à la menace de délabrement. Ce n’est qu’en 1960 que la commune de Druyes prit possession du château, lançant ainsi des travaux de consolidation et de valorisation. L’avènement de l’association « Les Amis du Château de Druyes » en 1978 contribua à dynamiser et faire rayonner le site. Puis, en 1986, le château fut transféré au conseil général de l’Yonne, poursuivant ainsi les efforts de restauration et d’aménagement. L’année 1992 marqua l’ouverture du château au public, proposant des expositions et des animations diverses.
À l’heure actuelle, le château de Druyes s’est transformé en un lieu dédié à la culture et aux loisirs, attirant chaque année des milliers de visiteurs. La tour-porte offre une vue imprenable, tandis que la galerie romane ornant le logis seigneurial suscite l’admiration. L’histoire du château et du village prend vie à travers des panneaux informatifs, des maquettes, des costumes et des objets d’époque. Le château anime son espace en proposant divers événements tels que des concerts, des spectacles, des ateliers, des conférences, des visites guidées, des visites nocturnes, des chasses au trésor, des jeux de piste, et bien plus encore.
Bonne visite !
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis le centre de Druyes-les-Belles-Fontaines, prendre Rue Chanzy, puis Route de Courson, prendre à gauche en direction du château jusqu’au parking visiteur, traverser le vieux bourg à pied pour atteindre le château-fort.
A proximité :
- La grotte de Saint-Romain à Druyes-les-Belles-Fontaines
- Chantier médiéval de Guédelon
- La carrière souterraine d’Aubigny
- L’église romane de Druyes-les-Belles-Fontaines
- Le lavoir de Druyes-les-Belles-Fontaines
Sur la carte :
Beau château, mais un peu trop en ruine à mon goût. J’aurais aimé voir ce qu’il était à son apogée. La vue est tout de même magnifique, et l’histoire du lieu est passionnante. Intéressant à visiter, mais pas inoubliable non plus.
Le château se mêle dans un magnifique paysage, peu de choses à voir à l’intérieur mais petit détour conseillé dans le vieux village en contrebas