Découverte du Musée Fenaille à Rodez
Le Musée Fenaille, situé au cœur de la ville de Rodez en France, émerge comme un trésor inestimable d’archéologie et d’histoire, captivant les visiteurs avec un voyage à travers les époques. Cet établissement exceptionnel plonge ses racines dans les premières traces de l’homme, remontant à près de 300 000 ans, pour atteindre l’aube du XVIIe siècle.
Le Musée Fenaille est renommé pour abriter une collection singulière de statues-menhirs, témoins d’un passé lointain il y a près de 5000 ans. Ces statues, considérées comme les plus anciennes d’Europe, sont véritablement des joyaux du patrimoine. Parmi elles, la Dame de Saint-Sernin se distingue, capturant l’imagination des visiteurs avec sa présence mystique et son histoire fascinante.
Ci-dessus, au centre : Statue-menhir de Saint-Sernin
La Dame de Saint-Sernin, dévoilée en 1885 à proximité du tènement de Laval, a depuis captivé l’attention des passionnés d’histoire. Cette statue-menhir, méticuleusement étudiée par l’abbé Hermet, s’élève comme l’une des premières à être scrutée dans les moindres détails. Sculptée en bas-relief dans une dalle de grès permien mesurant 1,13 m sur 0,56 m et 0,18 m d’épaisseur, elle offre une fenêtre inestimable sur l’art préhistorique.
Remarquablement, la Dame de Saint-Sernin représente l’apogée esthétique des statues-menhirs et incarne toutes les caractéristiques du groupe rouergat. Cette figure emblématique, véritable œuvre d’art du passé, arbore une complétude esthétique rare. Ses traits anthropomorphes et ses attributs sont d’une richesse exceptionnelle, avec une paire de seins, une pendeloque en « Y », un collier à six rangs, des tatouages, un vêtement, une ceinture et une chevelure coiffée en deux nattes attachées à leurs extrémités.
Les bras, coudés à angle droit, s’étirent gracieusement sur les deux bords de la dalle, tandis que les jambes se déploient de manière disjointe. Une ceinture double serre un vêtement à plis, détaillé sur chaque face de la sculpture. À l’arrière, les crochets-omoplates sont visibles, ajoutant une dimension de réalisme à cette représentation artistique figée dans le temps.
En contemplant la Dame de Saint-Sernin, nous sommes transportés à une époque où l’expression artistique se manifestait à travers la pierre, capturant non seulement la forme physique, mais aussi les nuances de la culture et de la spiritualité préhistoriques. Cette statue-menhir, sans doute la plus célèbre de son genre, devient ainsi un témoignage vivant d’une époque révolue.
Réfléchir sur ces détails minutieux nous permet de reconnaître le dévouement de ceux qui ont créé ces œuvres, immortalisant leurs croyances et leur mode de vie dans la pierre. Ces éléments, ajoutés à la symbolique profonde de la Dame de Saint-Sernin, enrichissent davantage notre compréhension de notre héritage préhistorique. Dans le cadre des récents efforts de préservation, des pas importants ont été franchis pour protéger la Dame de Saint-Sernin et ses pairs statues-menhirs, préservant ainsi un héritage unique. Ces initiatives louables soulignent l’importance de préserver notre patrimoine afin que ses mystères puissent continuer à inspirer et à éduquer.
En haut, à gauche, une borne militaire datant de l’époque gallo-romaine. Les colonnes de cette structure arborent une inscription dévoilant l’empereur en charge lors de la construction de la voie, ainsi que la distance entre l’emplacement de la borne et un point spécifique sur la route, généralement la cité la plus significative à proximité. Malheureusement, la partie inférieure de cette borne a été égarée, privant ainsi les observateurs d’informations cruciales sur la ville et la distance d’origine. Toutefois, il est plausible de supposer que la borne était proche de Segodunum, l’antique Rodez. Elle fait référence aux brefs règnes des empereurs Trebonianus Gallus et de son fils Volusianus, permettant une datation précise de l’objet. Rodez revêt une importance significative pour l’archéologie de la période gallo-romaine.
En haut, à droite, se dresse la statue de la divinité au torque et au poignard, également connue sous le nom de “dieu de Bozouls”. La base, sobrement équarrie, est probablement enfouie. Le tronc compact de la figure repose sur cette base, le cou enfoncé entre les épaules et les bras repliés contre le torse. Un collier rigide en métal, appelé torque, entoure son cou ou est ajusté contre le ventre. Les oreilles sont traitées comme des éléments ornementaux, et les coiffures sont élaborées à l’aide de motifs sinueux. La divinité arbore une longue natte torsadée et tient fermement un poignard accompagné de son fourreau.
Les fouilles conduites par l’abbé Cérès entre 1874 et 1875 ont dévoilé un ensemble exceptionnel de vestiges gallo-romains à Rodez, englobant des thermes, un sanctuaire, et un aqueduc qui s’étendait de Fontanges jusqu’à l’Auterne. Ces découvertes ont émergé sur le site des Balquières, une zone de 25 hectares le long de la rocade castonétoise, dans la plaine des Balquières.
L’existence des Rutènes se trouve représentée à travers des tombes, des sculptures, des mosaïques, et des artefacts liés à la routine quotidienne.
Les Rutènes, peuple de la Gaule celtique situé dans le sud du Massif central, occupaient principalement les départements actuels du Tarn et de l’Aveyron, délimités par le plateau de l’Aubrac au nord et les confins de la montagne Noire au sud. L’origine de ce peuple reste partiellement obscure, avec des hypothèses suggérant une possible provenance du sud de l’Allemagne. Des traces de leur présence remontent au moins au premier âge du fer, vers le VIe siècle av. J.-C., établissant un lien entre les basses terres de l’Albigeois et les hautes terres du Rouergue.
Au cours du Ier siècle av. J.-C., les Rutènes étaient dirigés par des rois ou des chefs dont les noms étaient inscrits sur leurs monnaies de bronze, tels que Attalos et Tatinos. Il est intéressant de noter que le nom « Rutènes » pourrait être associé à la présence abondante de rivières dans leur territoire, et une interprétation récente suggère la traduction possible de leur nom par « les Très Ardents [guerriers] ».
Cicéron les mentionne pour la première fois en 69 av. J.-C., et lors du soulèvement de 52 av. J.-C., Vercingétorix envoie le cadurque Lucterius chez les Rutènes pour les rallier à sa cause. Cela crée une alliance menaçante avec les Arvernes, Gabales, Cadurques et Nitiobroges, représentant ainsi une menace pour la Province.
Dans le cadre de la guerre des Gaules, César fait référence aux Rutènes à plusieurs reprises. En 121 av. J.-C., avec les Arvernes et leurs alliés Allobroges, ils sont défaits par Quintus Fabius Maximus lors d’une bataille située au nord de Valence (Sept-Chemins), mais les Arvernes et une partie des Rutènes maintiennent leur indépendance.
Sous le Haut-Empire, les Rutènes constituent l’une des cités de la province Aquitaine de l’Empire, établie en 15 av. J.-C. dans les territoires de la Gaule dite « chevelue ». Le chef-lieu de la cité rutène, Segodunum, préexiste à la création de la province d’Aquitaine et possède une racine celtique signifiant « la place de la Victoire ».
Le Musée Fenaille à Rodez abrite un remarquable buste du Christ en Croix (ci-dessus), le dernier vestige d’une Crucifixion qui ornait jadis le réfectoire de l’Abbaye de Bonnecombe, un monastère cistercien situé environ quinze kilomètres au sud de Rodez.
Remontant à la première moitié du XVIe siècle, ce buste sculpté dans du bois polychrome présente une composition complexe, résultant de l’assemblage de plusieurs éléments recouverts de bandes de toile collées. La polychromie, remarquablement préservée sur certaines zones, se compose de différentes couches, comprenant une épaisse préparation blanche, une pellicule translucide d’une teinte ambrée, ainsi que les couleurs originales.
Le Christ, scindé à mi-corps et privé de ses bras, arbore des traces de clous, suggérant la présence passée d’une couronne fixée sur sa tête. L’intérieur de la bouche est peint en rouge mat, la plaie du flanc est rehaussée d’une teinte rouge translucide, tandis que les gouttes de sang sur la tempe sont méticuleusement dessinées avec de la peinture rouge sous un glacis translucide de même teinte.
L’expression poignante de la douleur intense du Christ crucifié, accentuée par la bouche béante, émeut profondément le spectateur. Cette œuvre incarne véritablement l’esprit de la Renaissance, une période où l’homme prend place au cœur des préoccupations artistiques, et où les modèles antiques inspirent la représentation réaliste des formes corporelles.
La splendeur du XVIe siècle et de la Renaissance s’exprime à travers les tapisseries, les vitraux et les sculptures commandés avec élégance par les évêques de Rodez. L’exposition met également en lumière l’aménagement intérieur d’une demeure bourgeoise à la période finale du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle.
L’itinéraire du musée, s’étalant sur trois niveaux, guide les visiteurs à travers quatre grandes périodes qui ont façonné l’histoire du Rouergue. La Préhistoire dévoile les débuts de l’humanité dans la région, tandis que l’Antiquité met en lumière l’influence de l’Empire romain. Le Moyen Âge, le XVIe siècle, et la Renaissance complètent ce parcours temporel captivant.
Avec plus de 1100 objets soigneusement exposés, le musée offre une immersion totale dans le passé. Des artefacts préhistoriques aux trésors médiévaux, chaque pièce raconte une histoire, créant une toile vivante de l’évolution du Rouergue à travers les âges.
Informations pratiques
Le Musée Fenaille est ouvert du mardi au dimanche. Il est situé au 14 place Eugène Raynaldy, 12000 Rodez. Pour plus d’informations, vous pouvez contacter le musée au 05 65 73 84 30
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Adresse : 14 Pl. Eugène Raynaldy, 12000 Rodez
A proximité :
- Cathédrale Notre-Dame à Rodez
- Palais épiscopal de Rodez
- Maison d’Armagnac à Rodez
- Le musée Soulages à Rodez
Sur la carte :
J’ai adoré la collection de statues-menhirs, c’était fascinant !
Le musée Fenaille est un excellent endroit pour passer une journée en famille. Les enfants sont fascinés par les statues-menhirs et les autres objets exposés. Le musée propose également des ateliers et des animations pour les enfants, ce qui permet de rendre la visite encore plus ludique. J’ai trouvé le personnel du musée très accueillant et disponible. Je recommande vivement le musée Fenaille à tous ceux qui visitent Rodez.
C’est vraiment un très beau musée et les statues menhir sont impressionnantes. Ce n’est pas le seul chef-d’oeuvre de ce musée. C’est un endroit que je recommande vraiment.