Les ruines de la Chartreuse d’Oujon, situées à proximité du village d’Arzier-Le Muids, dans le canton de Vaud en Suisse, sont un site empreint d’une riche histoire monastique et spirituelle. Fondée en 1146, cette ancienne chartreuse, dédiée à l’ordre des Chartreux, a joué un rôle essentiel dans le développement spirituel de la région pendant plusieurs siècles avant d’être abandonnée et tombée en ruines.
Les Chartreux, ordre monastique fondé par Saint Bruno en 1084, ont pour vocation la recherche de la solitude et de la contemplation. En s’établissant dans ce lieu isolé à Oujon, entouré de forêts et de montagnes, les moines ont cherché à vivre dans la plus grande austérité. Ce cadre retiré reflétait parfaitement l’idéal de solitude, propice à la méditation et au recueillement. Cependant, cette vie en communauté ne les isolait pas totalement du monde extérieur, car l’abbaye avait également des relations économiques avec les villages voisins et des fidèles qui venaient chercher des conseils spirituels.
Durant les premiers siècles de son existence, la Chartreuse d’Oujon a prospéré grâce à des donations de nobles locaux et à une gestion habile des terres environnantes. Les moines chartreux y développaient des activités agricoles, notamment la culture des céréales et l’élevage, assurant ainsi une relative autonomie économique à la communauté. L’influence de l’abbaye dépassait le cadre spirituel, car elle jouait aussi un rôle important dans la structuration sociale et économique de la région. Elle avait un pouvoir notable sur la gestion des terres environnantes, des ressources en eau, et sur la vie agricole des paysans locaux.
Malheureusement, les guerres et les troubles religieux du XVIe siècle, notamment avec la montée de la Réforme, marquèrent le début du déclin de nombreuses institutions catholiques en Suisse, y compris la Chartreuse d’Oujon. En 1537, à la suite de l’adoption de la Réforme par le canton de Vaud, les moines furent expulsés, et l’abbaye fut fermée. Les bâtiments, alors désaffectés, furent laissés à l’abandon, et peu à peu, les pierres de la chartreuse furent réutilisées pour d’autres constructions locales. Le temps, l’érosion et l’absence d’entretien firent le reste, laissant aujourd’hui des vestiges enfouis sous la végétation.
Ce n’est qu’au XIXe siècle que des archéologues et historiens s’intéressèrent de nouveau à ce lieu, conscients de l’importance historique de la Chartreuse d’Oujon. Des fouilles furent entreprises, et bien que les structures principales aient été détruites, des fragments de murs et de fondations témoignent encore de l’ampleur de l’édifice à son apogée. Les ruines, désormais protégées, attirent des randonneurs et des passionnés d’histoire locale, désireux de découvrir un site à la fois mystérieux et évocateur.
Bien que la chartreuse ne soit plus que ruines, son héritage spirituel demeure vivant. Le silence qui règne dans cette vallée et les vestiges qui subsistent rappellent la quête de contemplation et de méditation des moines chartreux. C’est un lieu de paix, propice à la réflexion et à l’imaginaire, où le visiteur peut tenter de visualiser la vie de ces moines, leur quotidien marqué par la prière et le travail manuel.
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis Arzier, prendre la direction de Saint-Cergue. Dans le grand virage à la sortie d’Arzier, tourner à droite “Route des Montagnes”. sur 1,6 kilomètre. Arrivé au parking, laisser le véhicule, et partir à pied sur la route goudronnée en face, elle monte sur 500 mètres puis tourner à gauche jusqu’aux ruines.
A proximité :
- Sentier des Toblerones à Bassins
- Les Gorges du Moinsel à Arzier-Le Muids, Suisse
- Parc animalier La Garenne à Le Vaud
Sur la carte :
Ces ruines sont vraiment impressionnantes. Malgré tout, on a du mal à imaginer les bâtiments d’origines. Cet article est vraiment intéressant.