Perdu au cœur de la Meuse, non loin de Saint-Mihiel, se dresse un monument fascinant et chargé d’histoire : le menhir de la Dame Schone. Ce mégalithe, témoin d’un passé millénaire, attire les curieux et les amateurs d’histoire depuis des décennies. Situé à environ 6,3 km à l’est de Saint-Mihiel, à la lisière d’une forêt, il surplombe majestueusement les alentours, à 380 mètres d’altitude, sur la Côte Blussue. On raconte que ce bloc de pierre, issu d’un gisement argovien coralligène, a été érigé par les Hommes du Néolithique. Mais, comme pour tout bon menhir, le mystère plane toujours sur son origine exacte et ses multiples usages à travers les âges.
Le menhir de la Dame Schone, d’une hauteur de 2,20 mètres, est un véritable géant de pierre. Sa base, qui mesure 1,5 mètre de large, lui confère une stabilité remarquable, tandis que son épaisseur, d’environ 0,77 mètre, témoigne de la robustesse de ce monument. Orienté d’est en ouest, il est aujourd’hui en limite de deux territoires, le « Bois de la Haute-Borne » et une plaine appelée « Plaine de Rays ». Ce mégalithe, autrefois en pleine forêt, se dresse désormais à la lisière de ces espaces, toujours entouré d’une aura énigmatique.
Ce qui rend ce menhir unique, c’est l’inscription qui orne son flanc. Gravée par des soldats allemands lors de la Première Guerre mondiale, elle porte les mots : « Mit Gott für Vaterland 1914-1915 ». Ce témoignage des horreurs et des conquêtes du passé rappelle que ce site n’a pas échappé aux conflits qui ont déchiré la région, notamment lors de la bataille de Saint-Mihiel. L’inscription est accompagnée de motifs de croix et de palmes, symboles typiques de l’époque.
Les origines du menhir remontent au Néolithique, entre 4500 et 2500 avant notre ère. À cette époque, les Hommes érigeaient ces pierres monumentales à des fins rituelles ou symboliques. Certains croient qu’elles étaient des points de repère, d’autres pensent qu’elles marquaient des lieux sacrés ou des zones d’énergie terrestre. Il est possible que la Pierre de la Dame Schone ait été utilisée de manière similaire, bien que sa fonction précise demeure incertaine.
Plus tard, à l’âge du Bronze, ces mégalithes ont probablement continué à être des lieux de culte ou de rassemblement pour les sociétés locales. Les druides, les prêtres de la religion celtique, ont peut-être eux aussi utilisé ce menhir lors de cérémonies en pleine nature. Il est fascinant de penser que ces peuples de la pierre, du bronze et de la religion celtique ont pu se côtoyer et se succéder, chacun ajoutant une couche d’histoire à ce site.
Malheureusement, le menhir de la Dame Schone n’était pas seul. D’autres mégalithes étaient alignés dans les environs, mais ils furent détruits à la fin du XIXe siècle, souvent utilisés comme matériaux de construction ou pour aménager des routes. F. Liénard, un historien local, rapporte qu’au sommet de la Côte Blussue, il existait autrefois une longue muraille, construite à la main avec des pierres brutes, et protégeant un plateau d’environ 500 mètres carrés. Cette muraille mesurait cinquante mètres de long et atteignait encore deux mètres de hauteur à certains endroits.
La Pierre de la Dame Schone, ce majestueux menhir dressé dans la campagne meusienne, fascine autant par ses dimensions imposantes que par le mystère qui entoure son nom. « Dame Schone », en allemand, se traduit littéralement par « Belle Dame ». Cette appellation, si poétique, semble évoquer une présence féminine, presque éthérée, qui hante ce lieu depuis des siècles. Mais que cache réellement ce nom ? Pourrait-il être le vestige d’une croyance ancienne où les belles dames étaient bien plus que de simples figures humaines, mais des fées, des esprits de la nature aux pouvoirs extraordinaires ? Le nom « Dame Schone » pourrait ainsi faire référence à ces croyances anciennes, où l’on vénérait ou redoutait des figures féminines surnaturelles. Le menhir, qui se dresse fièrement dans le paysage de la Meuse, pourrait avoir été autrefois un lieu de culte dédié à ces « belles dames », des fées protectrices ou redoutables. Il est d’ailleurs frappant de constater que, dans les légendes locales, la Pierre de la Dame Schone est souvent associée à des pouvoirs de fertilité. Justement, étudions cette piste : Bien que les textes officiels ne lui attribuent aucune légende particulière, la Pierre de la Dame Schone est associée à une croyance populaire qui perdure encore aujourd’hui. La légende veut que ce menhir ait des pouvoirs de fertilité. Ainsi, de nombreux promeneurs, randonneurs, sportifs ou simples visiteurs, espérant avoir un enfant dans l’année, viennent toucher cette pierre mystérieuse.
Il a été classé monument historique en 1889.
Source : Le menhir de la Dame Schone (Saint-Mihiel, Meuse) Charles Croix
Bulletin de la Société préhistorique française Année 1948 45-5 pp. 179-182
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis Saint-Mihiel, prendre la départementale 901. Compter environs 5 kilomètres, se garer, et continuer à pied sur la route forestière qui part à droite sur 2,65km. Puis s’engager sur le sentier qui longe le champs sur 270 mètres.
A proximité :
- Les Dames de Meuse à Saint-Mihiel
- Abbaye en ruine Notre-Dame de l’Etanche à Lamorville
- La butte de Montsec
Sur la carte :
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