Le site que l’on désigne sous le nom de Pierre Sainte-Christine, également appelée Grande Borne, est un menhir remarquable situé sur la commune de Genay, dans le département de la Côte-d’Or (région Bourgogne-Franche-Comté). Il s’érige encore debout aujourd’hui dans un champ du lieu-dit « La Grande Borne », et fait l’objet d’un classement officiel au titre des monuments historiques depuis le 21 mai 1910.
D’un point de vue typologique, ce menhir se présente comme un bloc monolithique de granit rose à gros cristaux de feldspath, matériau dont l’affleurement le plus proche se situe dans la forêt de Saint-Loup, un peu plus au sud-ouest. Il atteint une hauteur d’environ 3,2 m, ce qui en fait l’un des exemplaires les plus imposants du monde mégalithique de la Côte-d’Or. Lors des travaux de redressement réalisés en 1867 à l’initiative de la Société des sciences historiques et naturelles de Semur, il est apparu que la base de la pierre avait alors été maintenue par une simple assise maçonnée, l’enterrage ayant été limité.
Sur la face orientale, la pierre arbore une forme légèrement phallique, tandis que la face occidentale porte deux motifs gravés. Le premier, à proximité de la base, peut être interprété comme un signe anthropomorphe très érodé ; le second, à environ 1,70 m de hauteur, représente une hache à talon, motif typique de l’art mégalithique de l’ouest de la France. C’est cet élément stylistique qui permet d’attribuer la datation du monument à la seconde moitié du Néolithique moyen régional bien que cette estimation reste soumise à la prudence scientifique. Les fouilles menées en 1865 par Armand Bruzard ont livré des charbons de bois, des ossements calcinés, un fragment de fibule en bronze et des tessons de céramique grossière. À l’époque, ce mobilier avait été attribué à une phase gallo-romaine, mais certains archéologues proposent aujourd’hui qu’il pourrait être plus ancien, appartenant à une occupation funéraire de l’âge du bronze.
Du point de vue fonctionnel, plusieurs hypothèses sont à considérer : bornage territorial, lieu de rituel funéraire, ou repère symbolique pour les communautés néolithiques. La légende locale complète ce constat archéologique. On raconte en effet que sainte Christine, poursuivie par son père, transporta un bloc de granit rose dans son tablier. Le cordon du tablier ayant cassé, la pierre resta à l’endroit précis où elle finit sa course, et devînt ainsi la « Grand’Borne » délimitant le finage entre plusieurs paroisses. Si cette version relève du folklore, elle témoigne d’un long usage symbolique et mémoriel de la pierre par les habitants de la région.
L’environnement immédiat du menhir est tout aussi révélateur : situé à la frontière entre les communes de Genay et Villaines-les-Prévôtes, il est inséré dans un paysage rural relativement ouvert, sans constructions modernes proches immédiates, favorisant son implantation ancienne. La lecture de l’orientation et du contexte géologique suggère que sa mise en place devait répondre à une intention consciente de visibilité et de permanence. Le fait qu’il ait été redressé au XIXe siècle atteste de l’intérêt porté localement à ce vestige dès une époque où l’archéologie et la sauvegarde patrimoniale commençaient à s’affirmer.
Sur le plan de la conservation, bien que classé Monument historique, le site reste en propriété privée, ce qui impose aux visiteurs de respecter les lieux et de se conformer aux règles de propriété. Aucun aménagement spécifique n’est mentionné pour l’accueil du public, ce qui peut laisser un soupçon de mystère quant à la meilleure façon d’approcher et d’interpréter ce monument.
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
A Genay, prendre rue de la Grande Borne, continuer tout droit, la route se transforme peu à peu en chemin de champs, continuer sur environ 2 kilomètres, au bout du chemin, la pierre se dresse droit devant dans un champs.
A proximité :
- Le château d’Epoisses
- Village pittoresque de Semur-en-Auxois
- L’ancienne gare de Sincey-lès-Rouvray
Sur la carte :
