Il serait dommage de passer à Lons-le-Saunier et de ne pas visiter ce magnifique château de Pin. Il se situe sur le territoire de la commune du même nom « Le Pin », nous sommes ici dans le Jura, à seulement quatre kilomètres à vol d’oiseau de Lons-le-Saunier.
Nous nous acquittons du droit d’entrée et nous entrons dans l’enceinte polygonale, flanquée de cinq tours semi-circulaires. La visite peut être libre ou commentée (certains jours / se renseigner sur les dates et les horaires). Ces visites comprennent l’extérieur des remparts, la cour intérieur et l’intérieur du donjon, le reste est privé, mais je vous rassure, il y a déjà de quoi faire !
La construction du château, on l’a doit à Jean Le Sage (Jean Ier de Chalon, dit Jean de Bourgogne, ou encore Jean l’Antique) au 13ième siècle (1253). Il était l’un des plus puissants seigneurs du comté de Bourgogne, notamment grâce à un accord avec le duc Hugues IV de Bourgogne, dans lequel il obtient plusieurs seigneuries. Parmi elles, Salins-les-Bains, qui lui permet d’obtenir une richesse conséquente grâce à l’or blanc : le sel. Mais voilà, il faut protéger ce secteur et la route commerciale des pillages, et c’est pour cette raison que Jean Ier de Chalon fait construire le château du Pin.
A l’emplacement du château, bien avant son édification, il existait un poste de garde romain et peut être des habitations. Des pièces de monnaies de Posthume, de Trajan, et Gordien ont été découvertes. On peut aussi dire avec certitude qu’un château primitif existait avant celui que l’on connaît aujourd’hui, il s’appelait le château de Garde-Chemin. Certains éléments comme la partie basse du rempart proviennent de cette construction.
Au service du duc de Bourgogne, Guillaume de Vaudrey (seigneur de Courlaoux), connu pour avoir défendu la ville de Vesoul lors de son siège de 1477, achète pour 1 800 saluts d’or, le château et la seigneurie du Pin en 1441 à Guillaume de Vienne. Durant le 15ième siècle, le château connaît de grandes modifications et d’améliorations de sa défense. On réhausse par exemple les remparts, on construit des machicoulis au sommet du donjon, et on aménage un toit sur le chemin de ronde.
En 1479, les troupes françaises de Louis XI arrivent en Franche-Comté, ils siègent les villes de Dole, de Vesoul. Ils détruisent le château voisin d’Arlay, celui de Rochefort, et seulement en partie celui du Pin, sans attaquer le donjon et la cour d’habitations.
Benoît Charreton, ministre du Roi d’Espagne achète le château du Pin en 1595. Un ordre de destruction est émis par le roi Louis XIV en 1674, mais le château ne subit pratiquement aucun dégât, sauf une partie de la courtine où il y aurait eu trois brèches. On pense que le château a été épargné grâce à Jean de Watteville (militaire et ecclésiastique franc-comtois).
Ci-dessus, à droite, la chapelle datant de 1257, restaurée vers 1480 par Lancelot de Vaudrey.
Le château du Pin est transformé en ferme au 18ième siècle puis il est finalement abandonné au 19ième siècle durant une courte période. C’est à ce moment là que des vignerons du coin on eu l’idée d’éventrer les murs du donjon à l’explosif afin d’établir une cave.
En 1923, Charles dit Carlos Watteville achète le château, Licencié en droit (1893), puis docteur en sciences physiques (1904), il participe bénévolement, de 1914 à 1916, bien que de nationalité Suisse, aux travaux du laboratoire de recherches physiques à la Sorbonne et du laboratoire antityphoïdique et sérothérapique de l’Armée ; il a notamment travaillé sur la réalisation d’écrans colorés facilitant l’identification des cibles et la mise au point d’un opacimètre. En 1916, il est naturalisé français et mobilisé dans les services techniques de l’Artillerie, où il est chargé de l’analyse spectographique des métaux des matériels de guerre. Il s’est intéressé aussi à un système nouveau de cryptographie. La date de son admission à la Société d’émulation du Jura (1923) est celle de l’achat qu’il fait du château du Pin. Il y conduit avec passion de grands travaux de restauration et de reconstruction de ce château féodal, (de 1923 à 1933), et auxquels il intéresse son cousin Gérard de Watteville, auquel il transmet cette propriété peu avant son décès, puisqu’il est célibataire. A la fin de ces travaux, le logis et l’enceinte sont reconstruits, tout comme les mâchicoulis sous la toiture.
A propos du donjon : accolé à la porterie, il mesure 35 mètres de haut, 20 mètres de long pour 16 mètres de large, les murs sont épais de 2,5 mètres en moyenne. Le donjon est classés par arrêté du 21 mars 2002 aux Monuments Historiques.
Bonne visite !
Sources : Nicolas Mengus, Châteaux forts au Moyen Âge, Rennes, Éditions Ouest-France, 2021, Brigitte Colas, Deux campagnes de fouilles sur le site du château de Hubans (Nièvre), dans Chastels et Maisons fortes I - Actes des journées de castellologie de Bourgogne 1994-1998, https://cths.fr/an/savant.php?id=123451, Affiches sur site.
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis Lons-le-Saulnier, prend la direction de Poligny, à l’échangeur à la sortie de la ville, prendre à droite puis suivre la départementale 70 sur 1,7 kilomètres puis tourner à gauche en suivant l’indication du château. Faire 350 mètres sur la petite route pour atteindre le parking du château.
A proximité :
- Parc Jurafaune
- Abbaye de Baume-les-Messieurs
- Cascades de Baume-les-Messieurs
- Grottes de Baume-les-Messieurs
- Le chemin de croix et la chapelle de Savigny
Sur la carte :
Magnifique chateau pas très loin de Lons, visitée plusieurs fois histoire de voir l’évolution