Eglise ruinée Saint-Martin – Vernas (38)

Au nord de l’Isère, baigné dans la quiétude, se niche Vernas, un paisible village abritant quelque 300 résidents. À l’ombre de la cité médiévale de Crémieu, Vernas se distingue par un héritage tout à fait remarquable. Ses demeures en pierre, à la fois élégantes et robustes, s’intègrent harmonieusement dans les paysages environnants. Une chapelle pittoresque, deux châteaux majestueux et les vestiges d’une ancienne église confèrent une identité unique à ce lieu.

L’histoire de l’église Saint-Martin s’inscrit entre 1840 et 1844, période où elle fut érigée sur un terrain appartenant à Eugène Dauphin de Verna, un mécène bienveillant de l’époque. Eugène Dauphin de Verna était le fils de Joseph Aymard Dauphin de Verna (1744-1793) et de Marie Anne de Fournillon de Butery (1750)…

Les fondations de cette église abritent toujours le caveau familial, gardien des souvenirs d’une lignée qui a marqué l’histoire du village. Il est intéressant de noter qu’une tombe à char gauloise fut mise au jour à Vernas en 1818 par le baron Louis Dauphin de Verna, un événement archéologique marquant qui relie le passé antique de la région à son présent.

Construite à l’emplacement d’une supposée église médiévale, possiblement même une construction mérovingienne, l’église Saint-Martin se dresse comme témoin d’une continuité historique.. Un cimetière communal, implanté en 1844, s’étend à l’arrière de l’église, un espace de repos pour les vies qui ont façonné ce village.

Le clocher carré se dresse au cœur même de l’édifice, s’intégrant harmonieusement avec le chevet de l’église. À l’intérieur, la nef et les chapelles latérales sont voûtées d’arêtes, tandis que le chœur s’élève sous une majestueuse voûte en cul-de-four. En 1844, le doux carillon d’une cloche nouvellement fondue par Burdin aîné, célèbre fondeur lyonnais, résonna dans tout le village.

L’entreprise “Burdin Aîné” était une fonderie de cloches fondée et dirigée par Jean-Claude Burdin, né en 1823 à Lyon, en France. Il est né dans une famille ayant une tradition de fondeurs de cloches. L’entreprise était située au 22 rue de Condé à Lyon, où Jean-Claude Burdin résidait également dans un appartement de trois pièces à l’entresol. La principale activité de l’entreprise était la fabrication et la vente de cloches. Les cloches Burdin étaient bien réputées et se vendaient non seulement en France, mais aussi dans des pays tels que l’Algérie et le Canada. Cela indique que l’entreprise avait réussi à établir une certaine renommée à l’échelle internationale. En 1874, Jean-Claude Burdin prend une décision notable en installant un carillon composé de quatre cloches dans l’église Sainte-Croix, située en face de son atelier à Lyon. C’était un accomplissement dont il était très fier. Cependant, le récit mentionne qu’il n’a peut-être pas été complètement payé pour cette réalisation. Il semble que son orgueil ait peut-être été châtié par une forme de punition divine, car il devait écouter quotidiennement le carillon qu’il avait créé, ce qui pouvait être perçu comme une humilité forcée. Malheureusement, l’entreprise “Burdin Aîné” est finalement connue des difficultés et a disparu après la Première Guerre mondiale, c’est-à-dire après la période de 1914-1918. Cependant, avant sa disparition, l’entreprise a également été impliquée dans la restauration du carillon de l’hôtel de ville de Lyon

Cependant, l’église Saint-Martin connaîtrait un tournant dramatique en 1946, lorsqu’elle perdit son rôle sacré. Abandonnée à la nature et aux ravages du temps, elle fut peu à peu enveloppée par la végétation. En 1965, le toit s’effondra dans un soupir de déclin, suivi du clocher en 1990. Ces vestiges, témoins silencieux de l’écoulement du temps, font désormais partie intégrante du paysage, une présence mélancolique évoquant un passé lointain.

Néanmoins, une nouvelle lueur d’espoir a jailli pour l’église Saint-Martin de Vernas. L’association ANREV, basée à la Mairie de Vernas, se consacre avec dévouement à la préservation et à la restauration de cette église en ruine. La municipalité, en signe de respect envers son héritage, acheta l’ancienne église à la famille de Verna pour un euro symbolique. Ainsi naquit le projet audacieux de restaurer ce monument au destin brisé. Les pierres qui ont vu naître cette église entre 1840 et 1844, qui ont ressenti la perte de sa vocation en 1946, sont désormais le point de départ d’une renaissance. Tel un symbole de renouveau, cette église en ruines se prépare à renaître de ses décombres pour insuffler une nouvelle vie à Vernas, portant le poids de l’histoire et de l’avenir sur ses solides murs de pierre.

Quelques photos :

Pour s’y rendre :

Depuis le centre de Vernas, prendre la rue de la Chevigne, puis tourner à gauche sur la montée de la Cure. Les ruines de l’église se trouve facilement juste avant le cimetière, sur la droite.

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