Bibracte : Un voyage dans le temps à travers le Mont Beuvray
Le Mont Beuvray, un site archéologique riche en histoires et en mystères, se dresse majestueusement au cœur de la Bourgogne.
Il y a plus de 2000 ans, une grande ville gauloise nommée Bibracte se dressait fièrement au sommet du Mont Beuvray. Cette ville était la capitale des Éduens, l’un des peuples les plus puissants de la Gaule. Aujourd’hui, les vestiges de cette ville antique sont soigneusement préservés et étudiés par des archéologues dévoués.
Tout commence au Néolithique
Le Mont Beuvray, témoin d’une occupation humaine depuis le Néolithique, dévoile son riche passé à travers des artefacts lithiques variés. La nécropole antique du col du Rebout, au pied du versant nord-est, livre une collection impressionnante de 570 pièces lithiques, témoignant de la rareté des matières premières dans la région. Les matériaux, dont le quartz et la fluorite, reflètent une diversité surprenante, avec treize types de silex, certains provenant du Bassin parisien. Le processus de production, homogène, suggère un débitage sur place, bien que la série présente peu de pièces retouchées. Cette découverte, datant du Néolithique au Mésolithique, crée un lien temporel avec des ensembles mésolithiques similaires à Ruffey-sur-Seille (Jura). Dans une exploration inversée, l’histoire de ces peuples anciens prend vie, façonnant le quotidien au cœur du Mont Beuvray.
La cité de Bibracte
La ville de Bibracte, qui était la capitale du peuple celte des Éduens, a été fondée à la fin du IIe siècle avant notre ère Elle a connu une existence éphémère, durant seulement un siècle, à cheval sur le IIe et le Ier siècle avant notre ère. Cette période marque à la fois sa fondation et son abandon au profit d’Augustodunum (Autun).
Les Éduens, une puissante tribu gauloise, ont marqué l’histoire ancienne de la Gaule de manière significative. Occupant la région qui correspond à l’actuelle Bourgogne, leur territoire était centré autour de Bibracte, sur le Mont Beuvray. Leur influence s’étendait sur une vaste étendue de terres, et ils étaient considérés comme l’une des tribus les plus prospères et politiquement astucieuses de la Gaule.
Au cours du deuxième siècle avant J.-C., les Éduens ont établi des alliances stratégiques avec Rome, contribuant ainsi à la stabilité de la région. Cependant, au fil du temps, des tensions ont émergé, et les Éduens ont été impliqués dans des conflits internes et externes, notamment avec les Arvernes.
Le rôle commercial crucial des Éduens a été souligné par leur contrôle de routes majeures, facilitant la diffusion des produits romains à travers la Gaule. Les liens entre les Éduens et Rome, en tant que membres clés d’une confédération de tribus celtes, ont renforcé leur influence sur un vaste territoire gaulois.
Le système politique éduen, caractérisé par un sénat, un vergobret en tant que magistrat suprême, et l’influence des druides dans le processus électif, a contribué à la stabilité politique. Les druides, outre leurs fonctions religieuses, ont joué un rôle important dans les affaires politiques, comme en témoigne la plaidoirie de Diviciacos à Rome pendant l’invasion germanique.
La bataille de Bibracte en 58 avant J.-C., opposant les légions romaines de Jules César aux forces gauloises, dont les Éduens, a marqué un tournant majeur. Bien que les Éduens aient été initialement alliés de César, ils ont fini par se retrouver du côté gaulois. La défaite à Bibracte a contribué à l’expansion romaine en Gaule.
Vercingétorix était un chef et roi du peuple celte des Arvernes. Il est né aux environs de 82 av. J.-C. sur le territoire arverne, l’actuelle Auvergne, et est mort à l’automne 46 av. J.-C. dans une prison de Rome. Il a fédéré une partie des peuples gaulois dans le cadre d’une révolte contre les forces romaines au cours de la dernière phase de la guerre des Gaules de Jules César. Vercingétorix est principalement connu pour avoir remporté la bataille de Gergovie face à Jules César, dans laquelle de nombreux Romains et alliés ont été tués. Cependant, à la bataille d’Alésia, les Romains ont assiégé et défait ses forces. Afin de sauver autant de ses hommes que possible, il s’est livré aux Romains. Il a été retenu prisonnier pendant cinq ans avant d’être exécuté par étranglement sur l’ordre de César. Son nom, Vercingétorix, est davantage un titre qui signifie « grand roi des guerriers » en celtique. Sa figure de représentant du monde gaulois a été largement mise en avant sous Napoléon III et il est devenu une figure mythique et nationale de tout premier ordre pour la France.
Après la conquête romaine, les Éduens ont continué à jouer un rôle, mais leur indépendance a été progressivement réduite. Leur histoire illustre les complexités politiques et les alliances changeantes qui ont caractérisé la Gaule antique. Aujourd’hui, le Mont Beuvray et les vestiges de Bibracte témoignent de leur héritage, rappelant aux visiteurs l’importance des Éduens dans le contexte de l’histoire celtique et romaine.
Un site archéologique dans un écrin de verdure
Le site a été identifié à la fin du XIXe siècle. C’est Jacques-Gabriel Bulliot qui a révélé l’existence de l’oppidum en 1864. Depuis lors, le site fait l’objet d’un important programme de recherche. Chaque année, des chantiers de fouilles accueillent des chercheurs de toute l’Europe, ouverts de juin à octobre.
Le Mont Beuvray, couvert de 1000 hectares de forêts, offre un cadre naturel grandiose pour le site archéologique de Bibracte. Les vestiges de la ville gauloise de Bibracte se dévoilent progressivement sous la forêt, offrant aux visiteurs un aperçu fascinant de la vie à l’époque gauloise. Les archéologues ont découvert des remparts imposants, et des habitations ingénieusement conçues.
Jacques-Gabriel Bulliot, né le 13 février 1818 à Autun et décédé le 23 février 1902 à Autun, était un archéologue et historien français renommé, particulièrement célèbre pour ses contributions à la connaissance de l’histoire antique de la Bourgogne. Bulliot a consacré une grande partie de sa vie à l’étude archéologique du Mont Beuvray et de la région environnante. Il est surtout connu pour ses travaux sur Bibracte, l’ancienne capitale des Éduens située sur le Mont Beuvray. Bulliot a entrepris des fouilles méthodiques sur le site à partir de 1867, mettant au jour d’importants vestiges de l’occupation gauloise et romaine. Son œuvre majeure, intitulée « Essai sur la topographie du Mont Beuvray », publiée en 1865, a jeté les bases de la compréhension moderne de Bibracte. Bulliot a contribué significativement à l’identification et à la préservation du site, offrant ainsi des données précieuses pour la recherche ultérieure. Outre ses travaux sur Bibracte, Bulliot a également joué un rôle essentiel dans la création du Musée Rollin à Autun, où de nombreuses découvertes archéologiques du Mont Beuvray sont exposées
Le terme “murus gallicus” (en français : “mur gaulois”) désigne les remparts gaulois tels qu’ils sont connus par les découvertes archéologiques et par certains textes antiques. Il s’agit d’un petit rempart généralement sans fossé à l’avant et de quatre mètres de hauteur, équipant aussi bien les oppidums que les fermes d’aristocrates.
Jules César donne la description suivante de ce type de fortification :
« Tous les murs gaulois sont faits, en général, de la manière suivante. On pose sur le sol, sans interruption sur toute la longueur du mur, des poutres perpendiculaires à sa direction et séparées par des intervalles égaux de deux pieds. On les relie les unes aux autres dans l’œuvre, et on les recouvre d’une grande quantité de terre ; le parement est formé de grosses pierres encastrées dans les intervalles dont nous venons de parler. Ce premier rang solidement établi, on élève par-dessus un deuxième rang semblable, en conservant le même intervalle de deux pieds entre les poutres, sans que cependant pour cela elles touchent celles du rang inférieur, mais elles en sont séparées par un espace de deux pieds aussi, et chaque poutre est ainsi isolée de ses voisines par une pierre, ce qui la fixe solidement. On continue toujours de même jusqu’à ce que le mur ait atteint la hauteur voulue. Ce genre d’ouvrage offre un aspect varié qui n’est pas désagréable à l’œil, avec son alternance de poutres et de pierres, celles-ci n’en formant pas moins des lignes continues qui se coupent à angles droit ; il est, de plus, très pratique et parfaitement adapté à la défense des villes, car la pierre le défend du feu et le bois des ravages du bélier, celui-ci ne pouvant ni briser ni disjoindre une charpente où les pièces qui forment liaison à l’intérieur ont en général quarante pieds d’un seul tenant. »
Le murus gallicus est donc une construction en terre solidifiée par un empilement en couches entrecroisées de poutres horizontales avec un parement de pierres sèches. L’accès intérieur au rempart se fait par un remblai de terre tassée. Ces remparts résistent bien aux machines de guerre romaines, d’autant qu’un parement extérieur les renforçait parfois.
Le musée de Bibracte
Au pied du Mont Beuvray, le musée d’archéologie raconte l’histoire de Bibracte. Grâce au travail patient des archéologues, la capitale éduenne renaît et permet aux visiteurs de découvrir l’histoire de ce peuple gaulois.
Un mystère sous vos pieds
Sous la forêt qui recouvre aujourd’hui le Mont Beuvray, les vestiges de Bibracte continuent de révéler leurs secrets. Chaque pierre, chaque artefact découvert apporte une nouvelle pièce au puzzle de l’histoire de cette ville gauloise.
Conclusion
Bibracte, avec son riche passé et son cadre naturel impressionnant, est un site archéologique qui mérite d’être exploré. Le Mont Beuvray et ses vestiges, notamment ceux de Bibracte, ont été officiellement classés au titre des Monuments Historiques le 25 septembre 1984.
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis Saint-Léger-sous-Beuvray, prendre la D3 en direction du Mont-Beuvray, passer la “Bise à l’Âne”, puis le “Poirier au chien”. Le parking du Musée de la Civilisation Celtique se situe au col de la Croix de Rebout juste à côté du Musée. Depuis ce parking, monter au Mont Beuvray, à pied ou en prenant le bus via la billetterie du musée.
A proximité :
- Musée Bibracte à Saint-Léger-sous-Beuvray
- La pierre de la Wivre à Saint-Léger-sous-Beuvray
- La source de l’Yonne à Glux-en-Glenne
- Cascade de la Dragne à Villapourçon
Sur la carte :
Depuis le temps que l’on m’en parle….
Merci pour votre article, On y ressent le poids de l’histoire, l’écho des batailles passées et la sagesse des anciens
Quel magnifique témoignage de notre passé. Le site est vraiment très impressionnant. Cet article est vraiment très bien fait et celui du musée en complément ajoute un plus.