À environ 4 kilomètres de Vaucouleurs., en Lorraine, le château de Gombervaux est un joyau de l’architecture médiévale, témoignant de l’ingéniosité et de la grandeur de cette époque. Construit entre 1338 et 1357 par Geoffroy de Nancy, fidèle chevalier du roi Philippe VI de Valois, ce château servait de poste frontière entre la France et le Saint-Empire romain germanique. Formant un quadrilatère de 52 mètres sur 51, l’ensemble est protégé par de larges douves en eau et renforcé à chaque angle par une tour circulaire percée d’archères à étriers. La tour-porche, imposant donjon-porche de 22 mètres de hauteur, se distingue par son arc en tiers-point, doublé d’un arc en plein cintre, permettant le coulissement de la herse aujourd’hui disparue. Sur sa façade extérieure, trois écus sont sculptés, représentant les armes des maisons de Myon, des Salles et du Hautoy, illustrant la riche histoire seigneuriale du lieu. À l’origine, le premier édifice à Gombervaux aurait été le pavillon de chasse de Charlemagne, donnant une dimension légendaire au site. De plus, ce château, construit sur les terres acquises par le roi Philippe VI, reflète l’importance stratégique de Vaucouleurs.
L’édifice comporte cinq niveaux, du rez-de-chaussée à la terrasse sommitale, chacun soigneusement conçu pour répondre aux exigences défensives et résidentielles de l’époque. Les intérieurs révèlent des détails architecturaux exquis, comme les cheminées moulurées et les fenêtres à coussièges, typiques de la période. La salle voûtée de plan trapézoïdal sous le logis sud-ouest est un exemple notable, couverte d’une voûte en berceau soutenue par six arcs-doubleaux. De plus, les reliefs d’une cheminée, découverts lors de travaux en 1990, témoignent de l’importance accordée à la fonctionnalité et à l’esthétique. L’accès au premier niveau de la tour sud-ouest par une salle circulaire, terminée en cul-de-four et percée de trois archères, démontre l’attention portée à la défense du château. Une mention spéciale doit être faite du “jeu du moulin” gravé sur des coussièges, apportant une dimension ludique à ce site historique. La beauté ornementale des salles et la majesté imposante du donjon, mesurant plus de vingt mètres de haut, sont des témoignages de la prospérité et de l’importance historique du château de Gombervaux, classé aux Monuments Historiques depuis 1994.
Le château de Gombervaux, au fil des siècles, a été le domicile de plusieurs familles nobles qui ont marqué son histoire et contribué à son prestige. Les premiers seigneurs, les descendants de Geoffroy de Nancy, ont joué un rôle crucial dans la consolidation de la seigneurie. Geoffroy II, armé chevalier en 1380, ainsi que ses frères Jean et Guérard, ont poursuivi l’œuvre de leur père. La famille de Vernancourt, arrivée au pouvoir par le mariage de Jeanne de Nancy avec Eustache de Vernancourt, célèbre chevalier de Charles VII, apporta une période de prospérité et d’influence. Les Vernancourt ont su tirer parti de leur position stratégique pour accroître leur richesse et leur puissance. La maison des Salles prit ensuite possession du château à la fin du XVe siècle. Pierre des Salles, chambellan du duc de Lorraine, épousa Nicole de Vernancourt, consolidant ainsi le pouvoir de la famille sur la région. Cette lignée conserva Gombervaux tout au long du XVIe siècle, marquée par des événements tragiques comme l’assassinat de Jean de Salles à Nancy en 1573. Par la suite, Simon de Myon, conseiller d’État et chambellan du duc de Lorraine, hérita du château par son mariage avec Antoinette des Salles. La maison de Myon, originaire de Franche-Comté, ajouta une nouvelle dimension à l’histoire de Gombervaux. Les XVIIIe et XIXe siècles virent le château passer entre les mains de la maison du Breuil de la Brossardière, puis de la maison de Mailliart, avant d’être finalement acquis par la famille Plauche Gillon en 1843. Cette dernière famille, encore propriétaire aujourd’hui, a joué un rôle déterminant dans la conservation du château. En 1989, l’Association Gombervaux fut créée pour préserver et animer le site. Grâce à leurs efforts et à ceux des bénévoles, le château a été sauvé des ruines et continue d’être un témoignage vivant de l’histoire médiévale lorraine, enrichie par les contributions de chaque famille qui l’a habité.
Le château de Gombervaux a traversé les siècles en subissant divers assauts et transformations. En 1617, il fut libéré par les Valcolorois après un siège de treize jours contre les insurgés se révoltant contre Marie de Médicis. Plus tard, en 1769, il fut abandonné comme résidence seigneuriale et servit de carrière de pierre. En 1989, la création de l’Association Gombervaux marqua le début d’une nouvelle ère de préservation et de restauration, aboutissant au classement du site comme Monument Historique. Aujourd’hui, bien que le château soit en ruines, il demeure un témoin vibrant des vicissitudes de l’histoire et de la résilience humaine. Les visites guidées permettent d’apprécier la beauté ornementale de ses salles (visites libres possible également), la majesté de son donjon et la tranquillité de ses douves, offrant un regard poignant sur un passé glorieux et tumultueux. Les efforts constants de l’Association Gombervaux et des bénévoles dévoués ont permis de sauvegarder cet édifice remarquable, garantissant ainsi que ce témoin de l’histoire médiévale continue d’inspirer.
Et enfin, pour terminer, voici la légende du château de Gombervaux :
Dans les temps anciens, le château de Gombervaux se dressait majestueusement sur un plateau escarpé, surplombant la vallée de Vaucouleurs. Le maître des lieux, le comte Hugues, était un homme imposant, connu pour sa stature élevée, son visage austère et ses traits sévères. Les villageois redoutaient sa voix tonitruante, bien que sa générosité soit souvent éclipsée par ses élans de colère et sa nature impétueuse.
Lorsqu’il se laissait emporter par ses passions, ses colères étaient redoutables. Pourtant, il chérissait profondément son épouse, dame Harlette. Cette noble dame, petite et délicate, éclairait le château par sa présence. Ses yeux rêveurs et ses cheveux dorés encadrés de dentelles enchantèrent tous ceux qui la rencontraient. Bienveillante et compatissante, elle s’occupait des villageois, distribuant des aumônes et concoctant des remèdes avec dévouement.
À ses côtés se tenait Siegfried, surnommé “Tête de Loup” par les soldats en raison de sa mâchoire proéminente et de ses dents acérées. Vil et perfide, Siegfried nourrissait des intentions infâmes envers dame Harlette. Repoussé avec mépris, il jura de se venger. Un jour, de retour d’une longue absence, le comte Hugues trouva le château en ébullition : un soldat fidèle avait été assassiné et Siegfried, avec une perfidie calculée, accusa dame Harlette d’adultère.
Aveuglé par la jalousie et fou de rage, le comte se précipita dans la chambre de sa femme, la maltraita et ordonna son emprisonnement. Dans un acte de cruauté impensable, il fit préparer une tonne garnie de clous dans laquelle dame Harlette fut enfermée. La tonne fut précipitée du haut de la pente vers Vaucouleurs, se brisant en mille morceaux au bas de la descente. À la surprise générale, de cette tonne ne sortit pas un cadavre, mais une petite souris blanche, qui disparut dans une fissure du sol, laissant place à une source claire et abondante.
Le comte Hugues, rongé par le remords, s’enferma dans son château. Chaque nuit, il errait, accablé par la tristesse et les regrets. Les rumeurs d’un châtiment divin se répandirent lorsque le château sembla s’enfoncer progressivement dans le sol, créant une cuvette autour de l’édifice autrefois si majestueux. Les villageois, effrayés et convaincus que le château était maudit, n’osaient plus s’en approcher.
Un soir, alors que le comte tentait de comprendre l’origine de ses tourments, il confronta Siegfried et découvrit la vérité. Siegfried, sous la pression, avoua son complot et le meurtre du soldat. Furieux, Hugues le décapita sur-le-champ. À cet instant, un grand loup surgit et s’échappa du château, hurlant dans la nuit.
Plein de chagrin, le comte fit construire une chapelle à l’endroit où la tonne s’était brisée, se retirant dans la solitude pour prier et expier ses péchés. Malgré ses efforts, le château continuait de s’enfoncer inexorablement, et le comte, rongé par la culpabilité, devenait chaque jour plus vieux et plus fragile.
Les nuits étaient les plus difficiles pour Hugues. Il montait sur la plateforme du donjon, contemplant l’horizon et les deux points lumineux dans l’obscurité, évoquant les yeux d’un loup. La chasse infernale qui s’ensuivit n’apporta aucune paix à son âme tourmentée.
Ainsi, le château de Gombervaux et le comte Hugues sombrèrent dans l’oubli, emportés par la légende. Aujourd’hui, le château en ruines est devenu un site historique visité par les passionnés d’histoire et les curieux.
Bonne visite !
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis Vaucouleurs, prendre la direction de Commercy via la D964. Après environs 3,5 kilomètres, tourner à droite en direction du hameau de “Gombervaux”, le château est facilement visible depuis le hameau.
A proximité :
- La porte de France à Vaucouleurs
- Chapelle du Vieux-Astre à Sepvigny
- Maison Natale de Jeanne d’Arc à Domremy-La-Pucelle
- La chapelle de Bermont à Greux
Sur la carte :
Merci pour votre article et la très belle légende qui se rattache au château.