La « Vierge des Prés », nichée au cœur du paisible Vallon de Verzel, est une source de légendes et de dévotion qui remonte à la fin du XVe siècle. Propriété des Bénédictins de Saint-Mihiel dès 1498, la petite chapelle dédiée à la Vierge se trouve près d’une source réputée pour ses vertus curatives, en particulier pour les maladies des yeux. Cette renommée prend une ampleur particulière en 1642 lorsqu’un miracle est attribué à cette eau, ce qui encourage l’établissement d’un pèlerinage depuis l’église Saint-Étienne du quartier du Bourg.
Le tournant de la Révolution française apporte son lot de bouleversements pour la « Vierge des Prés ». En 1793, alors que la ferveur révolutionnaire atteint son paroxysme, Mallarmé, représentant du peuple, ordonne la destruction de la chapelle. Cependant, les habitants du Bourg, profondément attachés à leur patrimoine religieux, parviennent à sauver la statue de la Vierge en la dissimulant chez un certain M. Steinhof.
Il faudra attendre 1803 pour que la chapelle soit reconstruite par les efforts conjoints de la municipalité et des habitants du Bourg. Autour de ce site restauré, des tilleuls sont plantés, un bassin est aménagé, et la Vierge retrouve sa place sur l’autel lors d’une procession solennelle menée par l’Abbé Guyot. Ce jour-là, la quasi-totalité de la ville se rassemble pour rendre hommage à cette figure emblématique, un moment marquant qui ancre encore plus profondément le lieu dans le cœur des habitants.
En 1846, la Cour Royale transfère officiellement la propriété du site à la municipalité. Mais le sort de la chapelle connaît de nouveaux déboires au début du XXe siècle. En 1910, victime de dégradations attribuées aux ouvriers des casernes voisines et aux enfants du quartier, la chapelle tombe en ruines. L’Abbé Chollet, fervent défenseur du site, réussit néanmoins à obtenir que la chapelle soit inscrite au patrimoine de l’Église, qui s’engage à financer les réparations. La famille Bazoche, propriétaire du terrain, conserve cependant la propriété du sol.
Malheureusement, la Première Guerre mondiale laisse la chapelle en piteux état, réduite à l’état de vestiges. Grâce aux indemnisations de guerre, le site est à nouveau reconstruit et, en 1923, la Vierge est replacée sur son autel lors d’une procession qui attire une foule nombreuse. Cependant, les défis ne sont pas encore terminés pour ce lieu de culte. En 1976, de nouvelles dégradations conduisent à l’enlèvement de la statue, et le pèlerinage traditionnel est annulé. Pourtant, la détermination des habitants de Saint-Mihiel ne faiblit pas. Avec l’aide de la municipalité et d’ouvriers portugais, la chapelle est restaurée et la statue de la Vierge est confiée aux soins du sculpteur Dante Donzelli. Lors de son retour en grande pompe, 300 fidèles ainsi que de nombreux élus et membres de la communauté portugaise se rassemblent pour une cérémonie empreinte d’émotion.
Autrefois, le site de la « Vierge des Prés » était le théâtre de deux célébrations annuelles : les Rogations, qui avaient lieu trois jours avant l’Ascension, et la fête de la Nativité de la Vierge le 8 septembre. Aujourd’hui, même si ces traditions se sont estompées, le lieu conserve une aura particulière, un symbole de résistance et de foi qui continue de rassembler ceux qui gardent un attachement profond à cette histoire séculaire.
Source : Panneau sur site.
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis le centre de Saint-Mihiel, prendre Rue Carnot, puis Rue Raymond Poincare Rue des Tisserand, continue tout droit, Faubourg Saint-Christophe, Route de Woinville, puis, tourner à gauche sur le chemin de Werzel sur 420 mètres, puis tourner à droite et continue tout droit jusqu’à la fontaine.
A proximité :
- Les Dames de la Meuse à Saint-Mihiel
- La Tranchée de la Soif à Han-sur-Meuse
- La Pierre de la Damechonne à Valbois
Sur la carte :
