Située sur les hauteurs du Mont Saint-Martin, dominant les vallées de la Grosne et de la Saône, l’église Saint-Martin de Laives est un témoin exceptionnel de l’histoire millénaire de la région. Ce lieu, occupé depuis le Néolithique, offre un aperçu fascinant de l’évolution religieuse et architecturale de la Bourgogne.
Une Occupation Millénaire du Mont Saint-Martin
Les premières traces humaines sur le Mont Saint-Martin remontent à 700 avant J.-C., époque où la colline constituait un lieu stratégique, dominant un ensemble de marais et de forêts. Pendant la période gallo-romaine, cet emplacement privilégié abritait un castrum, une fortification militaire qui surveillait les vallées environnantes. Le castrum était accompagné de canabae, des villages d’auxiliaires militaires romains, dont le hameau de Sermosley, à Laives, est un vestige.
Le Mont Saint-Martin n’a pas seulement servi de poste de défense; il a également été un lieu de culte. Avant l’avènement du christianisme, un temple dédié à Mercure, dieu du commerce, s’élevait sur cette colline, profitant de la proximité de la voie commerciale qu’était la Saône. C’est seulement à la fin du IVe siècle que Saint Martin, lors de son passage en Bourgogne, aurait renversé les idoles païennes, laissant place à une première chapelle chrétienne.
L’Émergence de l’Église Saint-Martin
La première mention de l’église sous le nom de « Saint-Martin sur le Mont » apparaît en 894 dans une charte du roi Eudes de France. Cette église primitive, construite au XIe siècle, incarne le pur style roman. Elle se distinguait par sa nef voûtée, ses bas-côtés se terminant en cul-de-four, et une toiture sans charpente en lave, caractéristiques rares et précieuses de l’architecture de cette époque. Le clocher de type lombard complète cette construction, ajoutant à l’élégance austère du bâtiment.
À mesure que la Bourgogne du Sud se couvrait d’églises pendant la période médiévale, Saint-Martin de Laives bénéficia d’une série de modifications significatives. En 1476, Jehan Géliot, natif de Laives et prêtre à Mercurey, fit ajouter une chapelle gothique au nord, prolongement du transept. Quelques décennies plus tard, en 1516, Jehan de La Grange, notaire à Laives, ajouta une chapelle sud, créant un équilibre architectural avec celle du nord. Ces ajouts reflètent le style gothique flamboyant, marquant une transition stylistique importante pour l’édifice.
Transformations et Péripéties de l’Époque Moderne
L’histoire de l’église Saint-Martin de Laives est marquée par des bouleversements significatifs, notamment lors de la Révolution française. L’église fut alors transformée en temple de la Raison, entraînant des actes de vandalisme qui défigurèrent une partie de son riche patrimoine intérieur. Les grilles de pierre, les écussons et d’autres éléments décoratifs furent détruits.
Malgré ces dégâts, l’église conserve encore aujourd’hui des éléments remarquables comme des sculptures, des fresques, des fonds baptismaux, ainsi que des tombes de donateurs. Cependant, le narthex, autrefois présent, disparut au XVIIIe siècle, laissant une empreinte indélébile sur l’histoire de l’édifice.
Au XIXe siècle, le déclin de l’église s’accentua avec la construction de l’église neuve Saint-Martin dans le bourg de Laives. En 1830, l’église du Mont Saint-Martin fut abandonnée en tant que lieu de culte, et son cimetière cessa d’être utilisé. Durant la Première Guerre mondiale, elle servit de refuge aux soldats du 265e régiment, puis fut un lieu de stockage pour le maquis pendant la Seconde Guerre mondiale, ce qui conduisit à des bombardements destructeurs.
L’Église Saint-Martin Aujourd’hui
Classée monument historique en 1905, l’église Saint-Martin de Laives a fait l’objet de nombreuses restaurations. En 1980, les chemins d’accès à l’église furent restaurés, permettant à ce joyau d’être à nouveau accessible aux visiteurs et pèlerins. Le 8 décembre 1991, pour la fête des Lumières, un éclairage spectaculaire fut inauguré, transformant l’église en un véritable « phare de la Bourgogne ».
Aujourd’hui, bien que l’église ne soit plus utilisée pour des services religieux réguliers, elle reste un lieu de culte catholique toujours vivant, dépendant du diocèse d’Autun. Elle continue d’accueillir des cérémonies occasionnelles, notamment pour les baptêmes, mariages et commémorations.
Quelques photos :
Pour s’y rendre
Depuis Sennecey-le-Grand, prendre la D18 en direction de Laives. Après avoir passé le pont de l’Autoroute du Soleil, tourner tout de suite à gauche et monter jusqu’au parking. Continuer à pied sur 300 mètres jusqu’à l’église.
A proximité :
- Château de Ruffey (privé) à Sennecey-le-Grand
- Église romane Saint-Julien de Sennecey-le-Grand
- Château de Sennecey-le-Grand
- La Chapelle de Lenoux à Laives
Sur la carte :
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