Située dans le « Val des Tranchées », au pied du village médiéval de Brancion, cette grotte discrète mais fascinante se trouve à seulement quelques minutes à pied du parking de Brancion. Le sentier qui y mène, bordé de haies de buis et d’arbustes formant une voûte naturelle, ajoute une touche de mystère et de beauté à cette exploration.
La Grotte du Four de la Baume est une cavité naturelle creusée dans les dépôts jurassiques. Elle s’étend sur une profondeur d’environ 12 mètres. Dès l’entrée, une première galerie en forme de corridor se dévoile, mesurant environ 7 mètres de longueur, avec une hauteur et une largeur conséquentes. Depuis cette salle principale, un passage étroit et tortueux s’enfonce davantage dans les profondeurs mystérieuses de la terre,
L’histoire de la grotte est intimement liée aux forces naturelles qui l’ont façonnée. Au cours du Quaternaire, la grotte a servi de déversoir souterrain aux eaux de ruissellement, entraînant avec elles du limon argileux qui s’est accumulé au fil des siècles, comblant presque entièrement la cavité. C’est en 1913 que la grotte a révélé ses secrets au monde moderne, grâce aux fouilles menées par Joseph Mazenot, un instituteur de Royer passionné d’archéologie. Ces fouilles ont nécessité un déblaiement considérable, mais elles ont permis de découvrir des trésors archéologiques d’une importance majeure.
Les vestiges retrouvés témoignent de l’occupation humaine de la grotte depuis la Préhistoire jusqu’à la fin du Haut Moyen Âge. Parmi les découvertes les plus notables, on trouve des outils en silex taillés, des poteries grossières, ainsi que des ossements d’animaux tels que des mammouths, des rhinocéros laineux, des ours des cavernes, des lynx et des chevaux. Ces vestiges paléolithiques sont particulièrement intéressants car ils offrent un aperçu précieux de la faune qui peuplait cette région il y a des dizaines de milliers d’années. Des ossements humains ont également été mis au jour, témoignant de la présence continue de l’homme dans la région sur plusieurs millénaires.
L’étude stratigraphique des dépôts a permis de distinguer deux niveaux archéologiques distincts. Le niveau supérieur, post-néolithique, a livré des tessons de poteries gallo-romaines et gauloises, ainsi que des restes humains, dont un crâne brachycéphale remarquablement bien conservé. Le niveau inférieur, plus ancien, correspond à l’ère paléolithique et est associé à une industrie aurignacienne, avec des outils en silex taillés et des os travaillés.
L’entrée de la grotte, discrète et modeste, rappelle la forme d’un four à pain, ce qui a inspiré son nom. Autrefois obstruée par des débris rocheux et des arbrisseaux épineux, cette ouverture donnait accès à une caverne étroite qui servait de refuge aux habitants de la région en cas d’intempéries. Cependant, durant le Moyen Âge, cette grotte a joué un rôle bien plus sinistre. Lors des terribles vagues de peste qui ravageaient les villages, les malades étaient souvent contraints de s’y isoler pour protéger les autres habitants. Ainsi, cette grotte devint un lieu de solitude et de désespoir, où ceux qui étaient touchés par la maladie passaient leurs derniers jours, loin de leurs proches et du monde extérieur..
Autrefois connue sous le nom mystérieux de « Beurne de la Garaude » ou la Grotte de la Sorcière, est un lieu empreint d’histoire et de légendes. Ce site fascinant, chargé d’une atmosphère unique, a longtemps été le théâtre de récits intrigants, mêlant mythes et réalité.
À l’époque médiévale, la grotte et le Val des Tranchées étaient des endroits fréquentés par les sorciers et sorcières, attirés par la flore environnante dotée de prétendues propriétés magiques. Le lys martagon, par exemple, était une plante précieuse, réputée capable d’ouvrir les serrures et intégrée dans des philtres d’amour. Les alchimistes, cherchant à percer les mystères de la pierre philosophale, utilisaient son bulbe, tandis que les chevaliers le portaient en amulette pour se protéger au combat. La cueillette de cette fleur rare obéissait à un rituel strict, exigeant un gant, un vendredi, sous le signe astrologique des Gémeaux.
D’autres plantes comme l’hellébore fétide, aux vertus prétendument purgatives, étaient utilisées pour soigner les troubles mentaux, tandis que la racine de dompte-venin, considérée comme un remède contre les morsures venimeuses et la peste, était également très prisée. Bien que ces plantes soient aujourd’hui classées comme toxiques, elles témoignent du savoir ancien et des croyances enracinées dans la région.
La grotte elle-même est aussi le théâtre d’une légende sombre. On raconte qu’un seigneur de Brancion, réputé pour sa cruauté, avait attaché un fagot enflammé sur les cornes d’un bœuf, provoquant une scène de terreur alors que l’animal, dans une douleur insupportable, se mit à galoper frénétiquement à travers le Val des Tranchées. Les cris du bœuf résonnaient dans la nuit, et le seigneur riait de ce spectacle macabre. Selon la légende, l’esprit du bœuf hante encore les lieux, et ses plaintes seraient audibles chaque nuit, émanant de la grotte elle-même.
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Deux possibilités : Soit par le sentier de randonnée qui débute au parking visiteurs du hameau de Brancion, soit depuis le croisement routier à l’est de La Chapelle Sous Brancion., le sentier monte dans le Val des Tranchées et permet d’admirer la grotte.
A proximité :
- Village médiéval et château de Brancion à Martailly-lès-Brancion
- Le Menhir dit Pierre-Levée du champ de la Fa à La-Chapelle-sous-Brancion
- Grotte de Blanot
- Château de Cormatin
Sur la carte :
C’est une très jolie grotte qui mérite d’être vue. Les histoires et légendes qui la concerne ajoute à son attrait