Située dans les hauteurs de la Nièvre, la butte de Montenoison, souvent surnommée « la montagne », est bien plus qu’un simple relief naturel. Avec une altitude de 417 mètres, elle domine majestueusement la vallée du Nivernais et les monts du Morvan. Visible à plus de 30 kilomètres à la ronde, cette butte-témoin a, au fil des siècles, été un point stratégique et sacré pour diverses civilisations.
L’histoire de la butte remonte bien avant l’époque romaine. Dès le Néolithique, des hommes s’installèrent sur ce promontoire naturel. Les fouilles archéologiques révèlent la présence de vestiges néolithiques, confirmant l’importance de ce lieu pour les premiers habitants de la région. La butte de Montenoison, en raison de sa position stratégique au croisement de deux voies romaines, attira de nombreux peuples, dont les Gaulois, qui y établirent un oppidum.
Au fil du temps, cet oppidum gaulois fut fortifié par les Romains après la conquête de la Gaule. La légende raconte que l’empereur César aurait fait édifier une enceinte protégée par cinq tours et qu’un temple lui aurait été dédié au sommet. Ces récits, bien que teintés de mythe, illustrent l’importance militaire et religieuse de ce lieu. Des camps fortifiés, vraisemblablement édifiés sous l’ordre de César, entouraient Montenoison, ce qui permettait aux légions romaines de contrôler la région face aux résistances locales.
Une autre légende évoque la signification du nom Montenoison comme « Montisnuntium » en latin, lié aux « messagers » ou aux lieutenants romains qui utilisaient ce sommet pour communiquer avec les légions de César. Ce lien entre le nom et les grandes figures historiques n’a fait qu’enrichir la fascination autour de ce lieu.
Le destin de la butte prend un tournant au Moyen Âge, autour du XIIe siècle, lorsque Mahaut de Courtenay, comtesse de Nevers, décide d’y bâtir une imposante forteresse. Ce château devient alors un centre stratégique et résidentiel pour les comtes de Nevers. Il symbolise la puissance féodale dans la région. Bien qu’aujourd’hui en ruines, il reste encore les traces de cette époque glorieuse : une croisée d’ogive, deux tourelles et des vestiges de murs démantelés témoignent de la grandeur passée. Le château fut, selon les écrits, la demeure favorite de la comtesse Mahaut.
À cette époque, Montenoison jouait un rôle crucial dans la défense de la région. La butte, entourée d’une palissade de bois, se transformait en motte castrale, formant une structure typique des premières fortifications médiévales. Ce site, autrefois imprenable, se caractérisait par un réseau de souterrains, permettant aux habitants et aux défenseurs de se déplacer en toute sécurité à travers les murs fortifiés.
Certains historiens prétendent que Montenoison signifierait « Mont-Nuisible », en référence aux seigneurs locaux qui, perchés sur cette butte inaccessible, opprimaient leurs voisins et vassaux avec une autorité intransigeante. Toutefois, ces récits contrastent avec l’histoire plus glorieuse de Guy, comte de Nevers, qui, en 1226, affranchit les habitants de cette région, leur octroyant une liberté précieuse.
A propos de la comtesse Mahaut
Mathilde de Courtenay (ou Mahaut de Courtenay), née vers 1188, était la fille unique de Pierre II de Courtenay et d’Agnès de Nevers. En 1199, après que son père fut capturé par Hervé IV de Donzy lors d’une révolte, Mathilde fut mariée à ce dernier, apportant ainsi le comté de Nevers en dot. Ce couple influent fonda plusieurs établissements religieux, dont la chartreuse de Bellary en 1209 et l’abbaye Notre-Dame de l’Épeau en 1211. Veuve en 1222, Mathilde se remaria en 1226 avec Guigues IV, comte de Forez. Très appréciée pour ses actes de générosité, elle octroya en 1223 une charte d’affranchissement aux habitants d’Auxerre, confirmant ainsi les libertés accordées par son père. En 1235, elle fonda l’abbaye Notre-Dame du Réconfort de Saizy. Jusqu’à sa mort en 1257, Mathilde continua d’administrer ses terres et resta fidèle à ses engagements religieux. Elle décéda au château de Coulanges-sur-Yonne et fut enterrée dans l’abbaye qu’elle avait fondée à Saizy.
Un panorama exceptionnel et un site classé
En 1929, la butte de Montenoison fut classée Monument Historique, reconnaissant ainsi la valeur patrimoniale et archéologique du site. En 1937, ce classement fut élargi à l’ensemble du site, englobant non seulement les ruines médiévales, mais aussi les caractéristiques naturelles de la butte. Depuis lors, Montenoison est devenue un lieu de visite incontournable pour les amateurs d’histoire et de randonnée.
Aujourd’hui, les visiteurs peuvent accéder librement au sommet de la butte. Une table d’orientation y a été installée pour offrir aux promeneurs un panorama spectaculaire sur les environs. On y trouve également un calvaire, édifié sur l’ancien emplacement de la motte.
Bonne visite !
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis Nevers, prendre la D977, passer Guérigny, puis Prémery. A la Valotte, tourner à droite sur la D977bis, puis, tourner à gauche sur la D129 en direction de Oulon. Continuer sur la D129 jusqu’à Montenoison. Au grand croisement dans le bourg, prendre à gauche en direction du cimetière et de l’église.
A proximité :
- Site gallo-romain de Compierre à Champallement
- Collégiale Saint-Marcel à Prémery
- Le Château d’Arthel (se visites sur rendez-vous)
Sur la carte :
Vos clichés sont superbes
Un ami a perdu son drone labaspendu après un arbre mdrjsuis sur qu’il y ait encore!