Construite dans un secteur boisé entourant la région de Sens, la chapelle Saint-Léonard aux Clérimois se révèle être un joyau d’histoire et de spiritualité. Sa première mention documentée remonte au 15 septembre 1637, à une époque où elle était une annexe dépendant du domaine seigneurial de la Tournerie. Cette chapelle, érigée sous l’impulsion des moines de l’Abbaye de Vauluisant, desservait jadis les exploitations agricoles et hameaux alentour tels que Le Colombier, La Chesnée, Villeguillon et Montdogat.
Dédiée à Saint Léonard de Noblat, célèbre patron des prisonniers et des captifs, la chapelle jouissait autrefois d’une réputation bien établie, renforcée par la proximité d’une source dont les eaux étaient réputées pour leurs vertus guérisseuses. Les villageois des Clérimois se rendaient fréquemment à cette fontaine pour implorer la guérison des maladies, notamment les fièvres. Cette pratique, aujourd’hui disparue, témoignait d’une tradition ancrée dans le tissu social de la région.
Saint Léonard, né au VIe siècle en Limousin, fut converti au christianisme par le célèbre évêque saint Remi de Reims. Sa renommée s’accrut lorsque le roi Clovis, impressionné par sa piété, lui offrit la possibilité de libérer des prisonniers qu’il jugeait dignes. Ce geste renforça la légende du saint et fit de lui le protecteur des captifs. Léonard s’installa par la suite sur des terres offertes par Clovis, où il fonda une abbaye à Noblat, aujourd’hui Saint-Léonard-de-Noblat.
La chapelle abritait en son sein une statue remarquable de Saint Léonard, figurant le saint protecteur accompagné de captifs agenouillés à ses pieds, implorant la libération. Malheureusement, cette œuvre ancienne a été dérobée.
Près de la chapelle, une croix dédiée au saint s’élevait autrefois à côté de la fontaine guérissante. Cette source, mentionnée encore sur le cadastre de 1927, était un point de rassemblement populaire pour les habitants cherchant à apaiser leurs souffrances.
Après des siècles de dévotion et de rassemblements, la chapelle Saint-Léonard connut une période de déclin. Abandonnée pendant environ 50 ans, elle subit de nombreux actes de vandalisme dans les années 1990, laissant des marques profondes sur ses murs et sa toiture. Cependant, la situation évolua grâce à l’implication passionnée d’une association locale, fondée pour sauvegarder ce précieux héritage.
Grâce aux efforts collectifs et au soutien de la communauté, la chapelle fut entièrement rénovée en 2017. Cette restauration permit de redonner vie à l’édifice, qui se distingue aujourd’hui par sa toiture en tuiles vernissées polychromes, ajoutant une touche de couleur et de charme à sa silhouette. Située en lisière de la forêt de la Chesnée, à environ 1,5 km du village des Clérimois, la chapelle attire désormais les amateurs de patrimoine et de tranquillité bucolique.
L’association qui s’occupe de la chapelle ne se contente pas de préserver le bâtiment : elle anime le site en organisant des événements culturels tels que des concerts et des expositions, permettant ainsi aux visiteurs de découvrir et de profiter de cet écrin d’histoire dans un cadre convivial. Des visites peuvent également être programmées sur demande, ouvrant les portes de ce lieu empreint de recueillement et d’histoire.
Sources : Site de la commune clerimois.fr ; Association pour la sauvegarde de la Chapelle Saint Léonard ; L'Yonne.
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis Les Clérimois, prendre la D46 en direction de Foissy-sur-Vanne, mais au croisement (après le cimetière) avec la D135, on peut voir la chapelle sur la gauche de la route.
A proximité :
- Polissoirs de la Pierre à l’Eau à Lailly
- Ancienne grange cistercienne de Toucheboeuf à Lailly (privé)
- Ancienne Abbaye cistercienne de Vauliusant à Courgenay (privé)
Sur la carte :
Votre article est très intéressant. C’est dommage que lors de la restauration, la toiture n’est pas été entièrement refaite.