Située à Vaudémont, petite commune nichée dans le département de la Meurthe-et-Moselle, la colline de Sion domine le paysage environnant. Point culminant du pays du Saintois, cette colline est un site à la fois naturel et culturel, célèbre pour ses paysages enchanteurs et son rôle dans l’histoire locale. Lieu d’inspiration pour de nombreux écrivains, elle abrite également un monument majeur dédié à l’un des auteurs français les plus influents de son époque : Maurice Barrès.
Le monument Barrès, érigé en 1928, est une lanterne des morts, symbole de recueillement et de mémoire. Son architecture, conçue par Achille Duchêne, s’inspire des traditions médiévales mais les transcende par son ampleur et son intention. Cette structure se dresse majestueusement sur la colline, rendant hommage à Maurice Barrès, l’auteur de La Colline inspirée. Ce roman, publié en 1913, célèbre les paysages et la spiritualité de Sion, que Barrès voyait comme un pont entre l’homme et l’infini.
Maurice Barrès, né à Charmes en 1862, est connu pour sa plume poétique et son engagement pour la Lorraine, qu’il considérait comme un bastion d’identité française. Proche du mouvement nationaliste de son époque, il a marqué les esprits par son œuvre empreinte d’une réflexion sur la mémoire et l’appartenance. Ses écrits, tels que Les Amitiés françaises (1903), témoignent d’un amour inconditionnel pour sa terre natale.
En savoir plus sur la colline inspirée
La Colline inspirée est un roman de Maurice Barrès publié en 1913. Ce récit est souvent considéré comme l’une des œuvres majeures de l’écrivain, où il explore des thèmes centraux de son univers : la spiritualité, l’enracinement, et le rapport de l’homme à la terre et à l’histoire.
L’intrigue se déroule dans un cadre inspiré par la colline de Sion, un lieu réel situé dans la Lorraine chère à Barrès. Ce site, avec son panorama grandiose et son atmosphère empreinte de mysticisme, devient dans le roman un personnage à part entière, symbolisant l’éternité et la quête spirituelle. Barrès y mêle fiction et éléments autobiographiques, construisant un récit où la colline devient un espace sacré, témoin de la rencontre entre l’homme et l’infini.
Le roman raconte l’histoire d’une communauté de religieux fascinés par une mission divine, qui s’installent sur la colline avec l’ambition d’y bâtir une nouvelle Jérusalem. Ils sont guidés par un moine visionnaire, mais leur quête spirituelle se heurte aux épreuves humaines : les doutes, les ambitions, et les désillusions. À travers leurs expériences, Barrès interroge la fragilité des idéaux face aux réalités du monde.
Dans La Colline inspirée, Barrès joue également un rôle de témoin. Son écriture, à la fois poétique et introspective, magnifie la Lorraine, mettant en lumière sa géographie, son histoire, et sa culture. Il en fait un plaidoyer pour l’attachement à ses racines et pour la défense des traditions dans un monde en mutation.
Le roman soulève des questions universelles : peut-on transcender la condition humaine par la foi ou par l’idéal ? Quel est le rôle de la mémoire et de l’histoire dans la construction de l’identité ? En cela, La Colline inspirée dépasse le cadre strictement régional pour s’inscrire dans une réflexion plus large sur le destin humain.
L’œuvre a marqué son époque par son lyrisme et son intensité spirituelle, mais elle continue de résonner aujourd’hui comme une invitation à découvrir le patrimoine et l’âme de la Lorraine. Elle reste un témoignage du regard unique de Barrès, mêlant attachement à la terre natale et méditation sur les aspirations universelles de l’homme.
Les lanternes des morts, bien que rares en France, sont des monuments historiques singuliers, souvent associés à des coutumes funéraires médiévales. Celle de Sion modernise cette tradition en devenant un phare symbolique pour l’esprit et la culture. Sa flamme perpétuelle incarne non seulement le souvenir de Maurice Barrès mais aussi une célébration de la vie.
Les faces du monument sont gravées d’inscriptions puisées dans les œuvres de Barrès. À la face nord, on trouve une simple épitaphe : « À la mémoire de Maurice Barrès, MDCCCLXII – MCMXXIII. » À l’ouest, une citation tirée de La Colline inspirée : « L’horizon qui cerne cette plaine c’est celui qui cerne toute vie. Il donne une place d’honneur à notre soif d’infini en même temps qu’il nous rappelle nos limites. » La face sud évoque Le Mystère en pleine lumière (1926) avec ces mots : « Honneur à ceux qui demeurent dans la tombe les gardiens et les régulateurs de la Cité. » Enfin, la face est porte une inscription de Les Amitiés françaises (1903) : « Au pays de la Moselle je me connais comme un geste du Terroir, comme un instant de son éternité, comme l’un des secrets que notre race, à chaque saison, laisse émerger en fleur, et si j’éprouve assez d’amour, c’est moi qui deviendrai son cœur. »
Le monument Barrès reste aujourd’hui un lieu de mémoire unique, attirant visiteurs et passionnés de littérature. La colline de Sion, avec son monument, continue d’incarner l’héritage spirituel et littéraire de la Lorraine. Un espace d’évasion et de contemplation, où l’horizon semble rappeler à chacun ses limites tout en exaltant ses rêves d’infini.
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis Vaudémont, prendre la D53 en direction du site de Sion. Il y a une série de virage. Au second virage, vous verrez le parking du Monument, un petit sentier monte et mène directement au monument.
A proximité :
- Les rochers de la Licorne à Saxon-Sion
- Le Saut de la Pucelle à Saxon-Sion
- La colline de Sion à Saxon-Sion
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- La grotte des Chambrettes à Vaudémont
Sur la carte :
Vos photos prises avec un drone sont magnifiques. Cependant, il faut rester vigilant, car le vent peut parfois être très fort là haut.