La Tour De Milandre – Boncourt (SUISSE – CH)

Sur un éperon rocheux dominant la commune de Boncourt en Suisse, on trouve cette imposante tour qui servait autrefois à surveiller la trouée de Beffort et la vallée de l’Allaine.

Si aujourd’hui, on n’observe plus qu’une tour, autrefois subsistait un château fort appartenant au comte de Montbéliard puis à Henri d’Isny (évêque de Bâle et prince-évêque de Mayence). Le château et la tour auraient été construits dans la seconde moitié du 13ième siècle (vers 1260). Ce donjon mesure une vingtaine de mètres de hauteur, pour dix mètres de largeur. Les murs font quatre mètres d’épaisseur à la base. Aujourd’hui, on peut visiter librement cette tour grâce aux habitants de Boncourt qui ont, débroussailler et entrepris la rénovation du donjon depuis 1988. D’autant plus qu’un escalier métallique permet d’accéder aux différents étages et d’atteindre en finalité le sommet offrant un somptueux paysage.

La tour de Milandre est aussi le sujet d’une légende. Enfin, pas la tour à proprement parler. Le point de départ se situe plutôt dans une caverne située dans les environs de la tour. Pour s’y rendre, il faut emprunter le chemin descendant à droite de la tour. Après une série d’escaliers qui suivent la falaise, on observe sur la droite une petite construction avec une porte fermée. Cette porte permet l’accès à une caverne très profonde. 

La légende raconte que c’est dans cette grotte que vivait une bonne fée. La dame de Milandre, appelée également dans la Franche-Comté voisine, la Tante Arie.

(Tiré de :  » Notices sur les châteaux de l’Evêché de Bâle par l’Abbé A. Daucourt « ):

« Beaucoup ignorent que les cavernes profondes des grottes de Milandre sont la demeure de la Fée Arie, dite Dame de Milandre, dont la puissance était grande et bienfaisante. Depuis longtemps déjà, elle ne se montre plus aux yeux incrédules de notre époque sceptique. Les malins disent que la voie ferrée, le télégraphe, le téléphone et les mille autres merveilles qu’engendre le progrès moderne ont épouvanté la Fée Arie au point qu’elle fuit les mortels. Cependant, aux dires des gens de Buix, elle sort encore de son antre ténébreux, à la dérobée, le soir dans les mois brûlants de l’été, pour prendre son bain, à l’abri de tout regard indiscret. Avant de se plonger dans l’eau fraîche et limpide de la Balme, elle n’oublie jamais de déposer sur la margelle du bassin sa couronne où brille un diamant étincelant. Par prudence, elle se métamorphose en Vouivre (dragon ailé d’Ajoie), le serpent de l’Elsgau ou Ajoie, afin d’effrayer, dit-on, les naturistes qui pourraient être tentés de s’emparer de la pierre précieuse. Après avoir pris son bain accoutumé, la Fée rentre dans ses demeures souterraines où se trouve un coffre en fer rempli d’or et de diamants. Tout en contemplant ces richesses immenses, la Dame attend le moment prédit par le destin où un beau jeune homme, grand, fort, résolu, audacieux, viendra la délivrer. Tous les cent ans, la Dame blanche apparaît au sommet de la tour de Milandre, regardant si son sauveur s’annonce. Ce retour séculaire s’est toujours fait bien régulièrement sans que le héros ait paru ou réussi. 
Le trésor cependant est toujours renfermé dans le coffre de fer et se trouve dans l’une des cavernes que M. Burrus n’a pas encore osé explorer. A chaque siècle les pièces d’or s’étalent au clair de lune, dans le mois de mai. Pour les saisir, il suffit de savoir le jour et l’heure. 
On dit toutefois que la Dame est d’une beauté remarquable, que pour conserver toute la fraîcheur de sa jeunesse, elle se baigne dans l’un des bassins des cavernes, probablement celles que l’on n’a pas encore osé visiter. Là se trouve le fameux coffre-fort rempli d’or et de pierreries. Tenter l’aventure ne serait pas chose à dédaigner. C’est la réflexion que fit un beau jeune homme de Buix ? On est intelligent dans cette commune ? S’embuscant donc un soir de juin, derrière une roche de la Balme, notre héros attendit que la belle Fée vienne prendre son bain accoutumé. Son attente ne fut pas longue. La Fée Arie apparut dans toute la splendeur de son être mystérieux. Comme de coutume, elle déposa son brillant diamant, dont les reflets rehaussèrent encore davantage l’éclatante beauté du visage de la Vierge. Le jeune homme en devint bien vite épris et s’approcha résolument. Mais la Fée se transforma instantanément en Vouivre. Le jouvenceau qui l’avait vu devant cette métamorphose, dédaignant le diamant, ne craignit pas de saisir le serpent. 
La bonne Fée, touchée de tant de courage et d’amour sincère, reprit sa forme naturelle et tendant des roses au jeune homme, elle lui dit : 
 » Avec ces tendres roses blanches, prends ma pure félicité.  » 
Heureux d’un bonheur inespéré, le jeune homme arracha brusquement des joncs à la rive du ruisseau et les arrangeant artistement, il les présenta à la belle nymphe des rochers par ces douces paroles :  » Avec ces glorieuses branches, reçois ma force et ma fierté, je jure une éternelle flamme et pour toujours, je suis à toi.  » 
Confiante et heureuse, la nymphe de Milandre crut que l’heure de sa délivrance était venue et que le sauveur que lui avait prédit le destin était devant elle. Rentrant dans ses demeures profondes, elle montra, témérairement, à son fiancé le coffre rempli d’or et de pierreries et lui donna le secret du jour et de l’heure où toutes ces richesses seront étalées au clair de lune du mois de mai. Mais comptez donc sur les promesses des hommes ; bien sotte la jeune fille qui s’y fie ; la Fée en fit la cruelle expérience. Le jouvenceau disparut un beau jour, emportant le fameux secret qui fut consigné en bonne et due forme, par un notaire de Porrentruy, sur un vieux parchemin de la commune de Buix. Oublié pendant les troubles de la grande Révolution, ou durant le passage des alliés en 1814, ou plutôt, selon les rusés, pendant les mille ennuis causés à cette commune par le passage rapide des trains, le vieux parchemin gardien du secret, fut perdu de vue. 
Il se trouve encore, dit-on, dans les archives de Buix. Il suffirait donc pour s’emparer du trésor de Milandre de l’autorisation de consulter les archives de cette commune et de l’accord de tous ses ressortissants. Deux choses difficiles à obtenir.
 » 

Une autre légende tiré de :  » Notices historiques sur le château de Milandre  » par Auguste Quiquerez 1801 raconte : 

« Toutes ces légendes de Milandre n’ont pas la même tournure poétique. Voici une vieille histoire que me contait ma berceuse, il y a bien au-delà de septante ans et la conteuse en avait alors plus de quatre-vingts. Elle disait que deux garnements de Vendelincourt, son lieu natal, avaient fait un pacte avec Satan pour découvrir le trésor des caveaux de Milandre. La convention portait qu’ils se rendraient dans la caverne entre onze heures et minuit, qu’ils fouilleraient le sol avec les outils du fossoyeur, mais que pour réussir, ils devaient tenir leurs sérieux comme des curés confessant des veuves et se garder de rire quoi qu’ils vissent et entendissent. Leurs yeux et leurs oreilles devaient être clos à toutes velléités d’hilarité sous peine de perdre le fruit du pacte et le trésor.
Voilà nos deux associés de Satan en route par une nuit sombre. Ils entendent voler les hiboux, mais ils ne les voient pas. Ils arrivent à la caverne, l’entrée en est basse, ils se traînent sur le ventre comme la vouivre, mais ils arrivent au bon endroit. La pioche et la pelle sont en jeu à la clarté des deux cierges dérobés sur un autel où l’on vient de dire une messe pour les morts, déjà on entend le bruit creux du coffre. Le pic grince sur son couvercle de fer, on le découvre de la terre et des pierres, il ne reste plus qu’à l’ouvrir et jusque-là nulle envie de rire n’avait encore pris les deux Vendelins.
Mais leur bêche est émoussée et ils ne peuvent l’introduire sous le couvercle du coffre pour forcer la serrure, ils se dépitent et murmurent, lorsque survient un émouleur, un grand homme maigre, tout vêtu de noir, portant sur le dos sa meule et tenant par la main un petit diable n’ayant encore de corne qu’un rudiment, comme un élève des Jésuites en première de grammaire. Le grand diable, car c’était lui, salua ses bons amis, les encouragea et offrit d’aiguiser l’outil endommagé. Pour leur prouver que la meule était bonne, il la mit en mouvement du pied droit et des deux mains il posa le postérieur du diablotin sur la pierre en rotation. Elle ne fit pas jaillir des étincelles, mais des cris et des contorsions si bizarres que les Vendelins oublièrent le pacte, éclatèrent de rire et firent tout évanouir. Le coffre s’enfonça dans le sol, les cierges s’éteignirent, le diable ricana et les rieurs confondus abandonnèrent l’entreprise à des gens plus sérieux. Au lieu de tenter l’aventure, nous allons monter au château et aborder le vieux donjon avant qu’il ne s’écroule. »

La grotte se visite depuis des siècles. Son réseau est immense. Sa longueur est estimée à plus de dix kilomètres. La Milandrine est sa rivière souterraine.  Autrefois, une partie aménagée de la grotte se visitait (escaliers taillés, barrière de sécurité, kiosque d’entrée…), car ce qu’on y trouve à l’intérieur est exceptionnelle. Aujourd’hui, la grotte est fermé au public et seuls les spéléologues y ont accès. Jamais personne n’a encore trouvé le trésor qui s’y cache.

Quelques photos :

Pour s’y rendre : 

Depuis Delle (France), prendre la direction de la Suisse, passer la douane, puis à Boncourt (Suisse), au premier rond point, prendre la première à droite, au second rond point, aller en face, puis au troisième rond point, prendre 4ième sortie. Prochain croisement, prendre à droite, puis passer à gauche du cimetière. Passer « sous le chêne », puis au croisement de La Combe Feuillerée (croix), prendre à gauche, et continuer toujours tout droit jusqu’à la tour de Milandre.

A proximité :

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