Le château : Ses origines, nimbées de mystère, remontent au XIe siècle, lorsque le chevalier Escaffre, figure oubliée de l’histoire, en était le seigneur. Des siècles de tumulte et de splendeur ont marqué ses murs, témoins silencieux des alliances et des rivalités qui ont façonné le destin de la région. Il s’agissait d’une place forte importante qui contrôlait la vallée du Lézert et les routes de communication entre le Rouergue et le Quercy.
Au XIIIe siècle, la famille Brenguier, Béranger ou Bérenger de Malemort s’empare de la forteresse, lui insufflant une nouvelle vitalité. Le château devient un symbole de puissance et de prestige, attirant l’attention des familles nobles les plus influentes.
Le nom de Bérenger est inscrit dans les annales, parmi les bienfaiteurs anciens des abbayes. Durant le règne de Henri Ier au XIe siècle, Bérenger et son épouse Stéphanie firent don au monastère de Conques et à son abbé Odalric de leurs possessions dans le territoire de l’église de Trebonos. Les générations suivantes de la famille Bérenger continuèrent à soutenir les monastères et à faire des dons, témoignant ainsi de leur générosité et de leur attachement à la foi religieuse. Il est intéressant de noter qu’il existait plusieurs branches de la famille Bérenger, toutes issues d’une souche commune et toutes appartenant à la noblesse ancienne de la région. Ces branches comprenaient les Bérenger de Malemort ou Villelongue, de Montmaton, de Panat, de Bertholène et de Roquelongue, chacune avec ses propres terres et domaines. La lignée des Bérenger de Malemort ou Villelongue est particulièrement remarquable. En 1249, Bérenger, seigneur du château de Malemort, ainsi que sa femme et son fils, cédèrent certains droits à l’abbé de Bonnecombe. En 1273, Bernard de Bérenger, seigneur de Malemort, vendit une partie du masage de Frayssinhes à ce même monastère. Des générations plus tard, des membres de cette lignée continuèrent à jouer un rôle important dans la région, participant à des événements politiques et judiciaires. Cependant, la famille Bérenger ne fut pas exempte de drames et de tragédies. En 1331, Aymeric de Bérenger, alors étudiant à l’université de Toulouse, se retrouva impliqué dans un incident violent. Après avoir blessé gravement un des capitouls de la ville, il fut capturé et soumis à un jugement brutal et injuste. Malgré les appels et les interventions, il fut condamné à une mort atroce, son exécution marquant un sombre chapitre de l’histoire de la famille Bérenger. Cet événement suscita des réactions indignées, notamment de la part de l’université de Toulouse et du pape, qui tentèrent de réparer l’injustice qui avait été commise.
En 1230, la seigneurie de Villelongue est rattachée aux Comtes de Toulouse, soulignant son importance stratégique et politique. Une succession de familles illustres, les Flavin, les Rafin et les Saunhac, enrichissent l’histoire du château, chacune laissant son empreinte unique.
Cependant, le destin de Villelongue est loin d’être paisible. Le château se retrouve au cœur des conflits qui ponctuent le Moyen Âge et l’époque moderne. En 1253, les seigneurs de Villelongue s’inféodent aux puissants seigneurs de Cassagnes-Bégonhès, s’inscrivant dans un jeu complexe d’alliances et de rivalités.
Le château est assiégé à maintes reprises, subissant les assauts des guerres de Cent Ans et des guerres de religion.
Les Adhémar, au XIVe siècle, contribuent à son apogée, transformant Villelongue en un centre de pouvoir incontournable. L’histoire de la lignée ADHEMAR-DE-CLARENSAYES est, centrée autour du Château de Villelongue au XIVe siècle. ADHEMAR-DE-CLARENSAYES, Seigneur partiel du château, est mentionné dans une quittance de 1355 à Noble Dame Fines Rattier, sa femme, et à GALVAN ADHEMAR, son fils. Cette quittance concerne un legs pieux fait par ADHEMAR DE-CLARENSAYES dans son testament, pour demander à Dieu le pardon de ses péchés et de ceux de ses ancêtres. Son fils, GALVAN D’ADHEMAR OU AZEMAR, devient co-seigneur du Château de Villelongue après la mort de son père. Il tente de récupérer les biens et terres que son père aurait dû posséder. GALVAN assiste également en tant que témoin à des événements comme un contrat de mariage en 1396. En 1399, GALVAN fait hommage à Noble Guillaume Barreria pour les biens qu’il détient dans le château, conformément à un arrêt rendu en 1278 contre ses ancêtres. Par mariage avec Hélène Bérenguières, GALVAN acquiert entièrement le Château de Villelongue, mais n’ayant pas de descendance, la propriété revient aux héritiers de Hélène après un procès en 1419 contre RIGAL D’ADHEMAR, le fils et héritier de GALVAN. RIGAL D’ADHEMAR devient le Seigneur de Villelongue et de la Rocque Rocozel en Albigeois. Il confirme des donations de terres en 1420 et 1428 et est mentionné dans des actes de donation de sa mère, HELIPSE D’ADHEMAR. Il est également appelé AZEMAR dans certains documents.
L’histoire se termine par une mention de la décadence de la lignée ADHEMAR-DE-CLARENSAYES, signalant que les générations suivantes ne font que refléter le déclin d’une famille autrefois puissante.
En 1498, la terre de Villelongue passe à la famille de Raffin par le mariage de Marguerite de Brussac avec Louis de Raffin. La famille se divise ensuite en deux branches, l’une s’installant au château de Villelongue et l’autre restant au château de La Raffinie. Au XVIe siècle, Jean de Raffin, seigneur de Villelongue, combat pour la cause catholique pendant les guerres religieuses. Son fils Louis de Raffin lève une compagnie d’arquebusiers pour le siège de Rieupeyroux. En 1619, Louis de Raffin meurt sans héritier mâle. La terre de Villelongue passe à sa fille Delphine, mariée à Raymond de Saunhac. Leurs descendants la conservent jusqu’à la Révolution française.
Il a été incendié en 1790 pendant la Révolution française, puis servi de carrière de pierres. Les ruines actuelles, qui incluent la tour maîtresse, des pans de murs et des vestiges des bâtiments annexes, offrent un aperçu de l’importance et de la complexité de l’ensemble castral.
Dressée fièrement depuis le XIIe siècle, la Chapelle de Villelongue à Cabanès intrigue par son mélange d’architecture romane et préromane. Dédiée à Saint-Salvy, elle se compose d’une nef et d’un chœur en retrait, formant un plan en “double boîte” caractéristique de l’époque. Son clocher-mur à deux baies rectangulaires complète l’ensemble, construit en moellons de schistes et rehaussé de calcaire autour de l’arc triomphal.
Un témoin de l’histoire locale
Si ses origines exactes demeurent un mystère, la Chapelle de Villelongue a joué un rôle important dans la vie du village. Sa construction robuste, typique des chapelles castrales, laisse supposer qu’elle était autrefois rattachée au château.
Un sanctuaire miraculeusement préservé
Épargnée par les incendies de 1790 grâce à la présence d’une statue de Saint-Salvy et d’une piéta (aujourd’hui exposées au Musée Fenaille de Rodez), la chapelle conserve un charme authentique. Son histoire et son architecture en font un lieu incontournable pour les amateurs de patrimoine et d’art sacré.
Le musée de la Résistance : Un hommage aux héros oubliés
Le musée de la Résistance est aménagé dans la chapelle. Ce musée retrace l’histoire du maquis Antoine, un groupe de résistants dirigé par Antoine Pech, qui opérait dans la région pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le maquis Antoine a été créé en mai 1944 et s’est établi dans le hameau de Villelongue, choisi pour son isolement et sa proximité avec la zone de parachutage de Lucante. Le groupe a participé à de nombreuses actions de sabotage, d’embuscades et de libération, contribuant ainsi à la victoire des Alliés.
Le musée présente des panneaux explicatifs, des documents d’archives, des armes et des objets militaires qui permettent de mieux comprendre les activités du maquis et les conditions de vie des résistants. Il est un hommage poignant à leur courage et à leur sacrifice.
Villelongue et l’occupation : un village au cœur de la résistance française
L’histoire de Villelongue pendant la Seconde Guerre mondiale est un récit poignant de courage, de sacrifice et de résistance face à l’oppression nazie. Ce petit village français, situé dans le département de l’Aveyron, a joué un rôle crucial dans la lutte contre l’occupant, devenant un symbole de la détermination et de l’esprit combatif du peuple français.
Le maquis Antoine : un refuge et une force de combat
Le 5 mai 1944, le groupe de récupération Antoine, dirigé par le boucher carmausin Antoine, s’installe à Villelongue. Composé de réfractaires au Service du travail obligatoire (STO), de gendarmes et d’autres résistants, ce groupe s’est rapidement développé, atteignant une force de plusieurs centaines d’hommes divisés en quatre sections puis deux compagnies.
Un terrain de parachutage vital pour la résistance
Sous l’impulsion d’un agent de liaison anglais, le capitaine Georges, le maquis de Villelongue s’est doté de deux postes émetteurs et a organisé un terrain de parachutage à proximité. Ce terrain, initialement situé à Lucante puis déplacé au Pouget-Vieux, a permis de recevoir plus de 500 containers d’armes, de munitions, d’explosifs et de produits pharmaceutiques, soit environ 80 tonnes de matériel vital pour la résistance française.
Une inspection par le colonel Berger et une embuscade
Le 22 juillet 1944, le colonel Berger, alias André Malraux, inspecteur des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI), a visité le maquis de Villelongue. Lors de son retour, sa voiture a été la cible d’une embuscade à Gramat, dans le Lot. Le colonel Berger a été blessé et interné à Toulouse.
Un musée pour perpétuer la mémoire
Après la Libération, le site de Villelongue est tombé dans l’oubli pendant plusieurs années. Mais en 1968, grâce à l’obtention d’une subvention importante, l’Amicale parisienne “La Naucelloise” a entrepris la restauration des lieux et l’installation d’un musée départemental de la Résistance dans la chapelle du village. Inauguré en 1971, ce musée perpétue la mémoire des résistants de Villelongue et de leur contribution à la libération de la France.
Un site à découvrir et à partager
Le Château et la Chapelle de Villelongue à Cabanès constituent un ensemble historique et patrimonial d’une grande richesse. Ce lieu invite à la découverte d’un passé tumultueux, marqué par la chevalerie médiévale, les luttes de la Résistance et la beauté intemporelle de la nature environnante.
Informations pratiques:
- Accès: Le site de Villelongue est accessible par un chemin de randonnée d’environ 1 km.
- Horaires d’ouverture: La chapelle et le musée sont ouverts au public du dimanche après-midi de début juillet à mi-septembre.
- Visites guidées: Des visites guidées sont possibles pour les groupes tout au long de l’année sur rendez-vous.
Sources : Panneaux sur site, Office du Tourisme Aveyronnais, Documens historiques et généalogiques sur les familles et les hommes remarquables du Rouergue dans les temps anciens et modernes · Volume 2 Par Hippolyte de Barrau · 1854 Parcours Roman en Rouergue, Tome 2, Pauline de La Malène (juin 2009) / « Les châteaux de l’Aveyron », Raymond Noël, Imprimerie Subervie, 1972. . Dictionnaire de la noblesse ... de France Volume 1 Par François Alexandre Aubert de la Chenaye Desbois, Badier · 1863
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis Naucelle, prendre la D83, passer les hameaux de : La Lande, Le Fieu, La Borie Basse, puis La Vidalie, juste après un grand virage, on trouve un parking visiteur le long de la route. Stationnez ici et partez à pied en direction du hameau de Villelongue. Continuer de monter jusqu’à la chapelle et les ruines du château.
A proximité :
- La porte des Anglais à Naucelle
- Église Saint-Martin à Naucelle
- La place du Ségala à Naucelle (arcades et des maisons à colombages du xve siècle).
- Château ruiné de Castelmary
Sur la carte :
Merci pour ce bel article qui permet de mieux connaître ce lieu chargé d’histoire
Un bel endroit pour se promener et se souvenir du passé. J’ai beaucoup aimé la visite de la chapelle.