Polissoir des Ormeaux – Avant-lès-Marcilly (10)

Situé à Avant-lès-Marcilly, dans le département de l’Aube, le polissoir des Ormeaux est un vestige du passé néolithique de la région. Découvert en 1984 au sommet de la colline des Ormeaux, ce bloc de grès est emblématique d’une époque où la pierre dominait la fabrication des outils et objets du quotidien. Contrairement à ce que suggère un panneau touristique sur place, il ne s’agit pas de la fameuse Pierre à Marguerite, un menhir autrefois dessiné au XIXe siècle, mais d’une découverte distincte et tout aussi fascinante.

Le polissoir est une imposante pierre de 2,75 mètres de longueur, 1,50 mètre de largeur et 0,87 mètre d’épaisseur. Cette taille impressionnante donne une idée de l’importance que revêtaient ces monuments pour les sociétés qui les utilisaient. Sur la surface de ce bloc, on peut observer huit rainures distinctes, dont les profondeurs varient de 1 à 3,5 centimètres. Ces rainures, longues de 32 à 69 centimètres, étaient vraisemblablement utilisées pour polir des outils en pierre, probablement des haches, indispensables à cette époque pour la chasse, l’agriculture et d’autres activités.

En plus des rainures, on trouve sur ce polissoir deux cuvettes de polissage et, peut-être, une cuvette de meulage. Ces éléments attestent d’une utilisation répétée et prolongée de la pierre. Le travail de polissage des outils exigeait en effet beaucoup de temps et de précision. On peut imaginer les gestes des artisans d’autrefois, affinant patiemment leurs instruments pour les rendre plus efficaces.

Le contexte mégalithique de la région

L’Aube, et plus particulièrement l’arrondissement de Nogent-sur-Seine, où se trouve Avant-lès-Marcilly, possède une riche concentration de mégalithes. Polissoirs, menhirs et dolmens s’y dressent en témoignage d’une civilisation qui maîtrisait l’art de la taille de la pierre dès le Néolithique final, entre 2500 et 2000 avant J.-C. À l’époque, cette région était un véritable carrefour pour les sociétés humaines, et les nombreux blocs de grès erratiques qui y jonchent le sol ont facilité la création de ces monuments monumentaux.

Autrefois, on trouvait dans cette même commune un dolmen ainsi que quatre autres polissoirs, aujourd’hui disparus. Ces structures, comme celles que l’on retrouve ailleurs dans le département, servaient autant à des fins utilitaires qu’à des rites cultuels. Certains de ces monuments, notamment les menhirs, ont pu faire l’objet d’un culte païen. On ignore encore précisément quelles pratiques religieuses étaient associées à ces pierres, mais leur disposition et leur alignement laissent penser qu’elles étaient plus que de simples outils.

L’utilité et l’énigme des polissoirs

Les polissoirs comme celui des Ormeaux servaient essentiellement à affiner et à lisser les outils en pierre, surtout les haches. Durant le Néolithique, la maîtrise de la pierre était cruciale pour les populations. La production d’outils tranchants permettait non seulement de couper du bois pour la construction et le chauffage, mais aussi de travailler le cuir ou de sculpter divers objets. Cependant, la complexité de ces structures laisse aussi à penser qu’elles pouvaient avoir d’autres fonctions, peut-être symboliques.

Ces blocs de grès, souvent localisés à des endroits élevés ou isolés, pouvaient aussi servir de points de repère dans le paysage ou être associés à des croyances cosmologiques. En effet, les dimensions imposantes de ces monuments suggèrent qu’ils n’étaient pas simplement pratiques, mais qu’ils revêtaient une importance plus profonde dans les communautés préhistoriques.

Quelques photos :

Pour s’y rendre :

Depuis Avant-Lès-Marcilly, prendre la D54 en direction de Tremblay (Nogent-sur-Seine). Traverser Tremblay, puis à la sortie de Tremblay, on trouve le polissoir en bordure de route sur la droite.

A proximité :

• La pierre au coq à Avant-lès-Marcilly
• Chapelle Sainte-Elizabeth à Soligny-les-Étangs
• Le menhir de la pierre à l’Abbé à Saint-Loup-de-Buffigny
• Menhir dit du Pas-Dieu à Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes

Sur la carte :