Enfoui au sein de la forêt du Devens, sur le territoire communal de Gorgier dans le canton de Neuchâtel, ce menhir dressé depuis plusieurs millénaires suscite autant l’intérêt des archéologues que la curiosité des randonneurs. La pierre trône dans une clairière discrète, entre les arbres, semblant garder un secret silencieux enfoui dans le sol. Ce mégalithe monumental, connu sous le nom de Grand Menhir, constitue l’un des rares exemples suisses d’un ensemble mégalithique encore en place, dans une région qui fut particulièrement dynamique pendant le Néolithique.
Le Grand Menhir se distingue par sa stature imposante : il mesure environ 3 mètres de haut, 1,40 mètre de large. Taillé dans un granit grossier, sa matière ne provient pas directement du sous-sol local, ce qui suggère un transport intentionnel du bloc sur plusieurs kilomètres. Son positionnement vertical, ainsi que sa base soigneusement enfoncée dans le substrat, témoignent d’un aménagement soigneux, vraisemblablement lié à un objectif rituel ou symbolique.
Le Grand Menhir ne se dresse pas seul : il appartient à un groupe de trois pierres levées, réparties sur un périmètre de quelques centaines de mètres. L’analyse de leur disposition spatiale, formant une configuration triangulaire, suggère une organisation réfléchie. Ce type d’agencement, bien que difficile à interpréter, pourrait correspondre à un système de repérage territorial, une fonction astronomique, ou à une mise en scène cérémonielle.
C’est aux alentours de 1860, sous l’impulsion de l’érudit Gustave Clément, que des fouilles ponctuelles ont permis d’éclairer les contextes d’implantation du menhir. À sa base, les fouilleurs mirent au jour une fosse creusée, recelant une dalle rougeâtre, des charbons de bois, ainsi que des fragments de céramique grossière. Ces artefacts suggèrent la présence d’un aménagement rituel ou d’un dépôt volontaire lié à la mise en place de la pierre. Toutefois, en l’absence d’une stratigraphie précise et de datations modernes, ces découvertes restent difficiles à interpréter avec certitude. Bien que le matériel archéologique trouvé ne permette pas de datation absolue, le contexte culturel, la typologie du monument, et les comparaisons régionales permettent de situer la mise en place du Grand Menhir au Néolithique moyen ou final, soit entre 5000 et 3000 avant notre ère. Cette période voit l’émergence de nombreux monuments similaires dans l’arc jurassien et la vallée du Rhône, dans un contexte de structuration des sociétés agricoles. Le menhir pourrait ainsi témoigner de l’ancrage symbolique de la communauté humaine sur son territoire.
Le Grand Menhir attire encore aujourd’hui de nombreux visiteurs, certains motivés par la randonnée, d’autres par une quête plus ésotérique. Des objets déposés récemment à ses pieds, parfois des pierres, parfois des petites offrandes, attestent d’un renouveau d’intérêt spirituel pour le lieu. Si aucune étude géobiologique n’a confirmé une quelconque singularité magnétique, le site est parfois qualifié de « point d’énergie » par ceux qui s’adonnent aux pratiques de radiesthésie ou de méditation tellurique.
Bonne découverte !
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis Gorgier-Saint-Aubin, prendre Rue de Fin de Praz, puis Rue du Senet, passer dans le tunnel, à la sortie du tunnel, au rond point, prendre la première à droite, continuer sur la route de Montalchez (route principale) jusqu’après « Entre deux Roches », prendre la première à droite direction le Devens, la route contourne les bâtiments, au croisement, prendre à droite continuer jusqu’au parking dans le bois, marcher 150m tout droit puis tourner à droite, le menhir se situe a 50m dans la foret.
A proximité :
- Menhir du Pré-Devens (même secteur)
- Menhirs tronqué (même secteur)
- Menhir de Vauroux à Bevaix
Sur la carte :
