Les Fontaines Salées, un site archéologique majeur et unique en France, situé à 1,5 km au sud de Saint-Père, dans l’Yonne.. Ce lieu fascinant nous a transportés à travers l’histoire, nous permettant de découvrir les réalisations impressionnantes de nos ancêtres il y a plus de 4 300 ans.
L’élément le plus remarquable de ce site est l’ingéniosité des humains qui ont su capturer l’eau salée à l’aide de cuvelages en chêne, encore visibles aujourd’hui. Ces cuvelages, vieux de plus de 4 200 ans, témoignent du génie technique de nos ancêtres et nous rappellent leur relation étroite avec l’eau et le sel.
Mais l’histoire des Fontaines Salées ne s’arrête pas là. Plus de 2 000 ans plus tard, au Ier et IIIᵉ siècle de notre ère, un vaste établissement thermal gallo-romain a été construit sur ce même site. Les vestiges de cet établissement thermal sont ouverts à la visite et nous offrent un aperçu de la vie quotidienne à l’époque romaine.
Notre visite a commencé par l’exploration du bâtiment d’accueil du site archéologique, où nous avons été impressionnés par les résultats des fouilles archéologiques.
L’exploitation de l’eau salée à travers des puits, également connus sous le nom de fontaines salées, a été pratiquée à différentes époques, notamment au Néolithique, à l’époque gallo-romaine et au Moyen Âge. Voici comment cette pratique s’est déroulée à chaque période :
Néolithique : Pendant le Néolithique, l’exploitation de l’eau salée à travers des puits était moins courante que d’autres méthodes d’extraction du sel, comme l’évaporation. Cependant, il existe des preuves archéologiques suggérant que certaines communautés néolithiques ont utilisé des puits salés pour extraire le sel de l’eau salée. Ces puits étaient généralement peu profonds et creusés à proximité des côtes ou des zones où l’eau salée était présente. L’eau salée était puisée du puits à l’aide de seaux ou d’autres récipients, puis elle était chauffée pour permettre à l’eau de s’évaporer, laissant derrière elle des cristaux de sel.
Époque gallo-romaine : Pendant l’époque gallo-romaine, l’exploitation de l’eau salée à travers des puits est devenue plus répandue. Les Romains ont construit des puits salés dans des régions riches en sel, notamment le long des côtes ou près de sources d’eau salée souterraines. Ces puits étaient généralement plus profonds que ceux utilisés pendant le Néolithique. Les Romains utilisaient des systèmes sophistiqués pour extraire l’eau salée des puits, tels que des treuils et des poulies, afin de puiser l’eau et de la remonter à la surface. L’eau salée était ensuite chauffée dans des chaudières ou des récipients spéciaux pour permettre à l’eau de s’évaporer, produisant ainsi du sel.
Moyen Âge : Au Moyen Âge, l’exploitation de l’eau salée à travers des puits a continué à être pratiquée, bien que d’autres méthodes d’extraction du sel, telles que l’évaporation dans des marais salants, étaient plus courantes. Les puits salés étaient généralement peu profonds et construits dans des régions où l’eau salée souterraine était accessible. L’eau salée était puisée du puits à l’aide de seaux ou de treuils, puis chauffée pour permettre à l’eau de s’évaporer, laissant derrière elle le sel.
Les fouilles de 1934 :
Les Fontaines Salées sont un site d’une grande importance historique, dont l’origine remonte bien au-delà de l’époque gallo-romaine. Ce lieu fascinant a été exploré grâce à l’intervention de René Louis, un érudit médiéviste passionné par la célèbre chanson de geste de Girart de Roussillon, qui raconte les guerres attendues par Girart contre le roi Charles Martel. Grâce à ses recherches approfondies, René Louis a réussi à localiser le site de la bataille de Vaubeton, qui s’est déroulée dans la vallée de la Cure.
Ces découvertes archéologiques ont permis de reconstruire une partie du passé des Fontaines Salées, révélant l’existence d’un riche patrimoine remontant à différentes époques. Les thermes gallo-romains témoignent de la présence d’une civilisation avancée dans cette région, tandis que les vestiges néolithiques, tels que la défense de mammouth et les fragments de poterie, nous renseignent sur les premiers habitants de ces terres.
Les sources d’eau salée des Fontaines Salées ont été exploitées à la fin de la période néolithique, témoignant ainsi d’une utilisation précoce de ce site pour obtenir du sel par évaporation. Les anciens habitants ont su capter habilement cette ressource précieuse en aménageant des puits en chêne, dont 19 exemplaires sont répertoriés. Parmi eux, 14 puits sont encore visibles aujourd’hui, offrant ainsi aux visiteurs une occasion unique d’admirer ces vestiges ancestraux. Qui sait, d’autres puits pourraient encore être découverts, attendant patiemment d’être révélés par les futures fouilles archéologiques. Cette présence importante de puits en chêne, témoignage direct de l’ingéniosité des anciennes populations
Grâce à un plan guide disponible en plusieurs langues, nous avons pu nous orienter facilement sur le site et en apprendre davantage grâce aux nombreux panneaux didactiques qui jalonnent le parcours. Chacun d’entre eux nous a révélé des détails captivants sur l’histoire et la culture des populations qui ont évolué ici pendant des millénaires.
Après l’Âge du bronze ancien, les puits de captage des Fontaines Salées ont été progressivement abandonnés et ensevelis par les crues de la Cure. Cependant, à la fin de cette période, certains puits ont été remis en service, vraisemblablement dans le but d’abreuver le bétail.
Aux alentours de 900 av. J.-C., le site a également été utilisé comme lieu funéraire. Parmi les découvertes réalisées, en plus des restes osseux humains, une deuxième urne funéraire intacte a été mise au jour. Celle-ci renfermait une urne plus petite, de modèle similaire, qui avait été spécifiquement conçue pour pouvoir être insérée à l’intérieur de la grande urne. En outre, on y a trouvé un bol, deux bracelets en bronze et une pointe de flèche en silex, munie d’un pédoncule et de barbelures, qui présentait des fissures témoignant probablement de son exposition à la chaleur.
Chronologie du site à l’époque Gallo-Romaine :
- 1er siècle : Les premiers aménagements modestes du lieu.
- 1er siècle : Réalisations d’agrandissements, incluant des vestiaires et des bains à vapeur et tièdes.
- 2e siècle : Influence romaine renforçant le développement de l’établissement thermal, devenu mixte, et mise en place d’un système de chauffage.
- 2e siècle : Ajout d’extensions sportives, dont une palestre dédiée à la gymnastique.
- IIIe siècle : Invasion des Alamans, causant des ravages considérables, pillage et destruction de l’établissement thermal, sauf l’exploitation du sel.
- IIIe siècle : Transformation partielle des ruines par de petits sauniers.
- IVe siècle : Retour au calme et processus de reconstruction dans la région.
- IVe siècle : Réoccupation du site par les habitants locaux, construction d’un puits symbolique.
- IVe siècle : Émergence du domaine rural Vercellacus, nommé d’après son propriétaire.
- IVe siècle : Transmission du domaine en tant que villa carolingienne, témoignant de l’évolution de la terre.
Ce lieu a connu ses premiers aménagements au 1er siècle, qui étaient modestes à l’époque. Des agrandissements ont ensuite été réalisés, incluant des vestiaires et des bains à vapeur et tièdes. Au 2e siècle, l’influence romaine a renforcé le développement de cet établissement thermal, qui est devenu mixte et a mis en place un système de chauffage. Des extensions sportives ont également été ajoutées, telles qu’une palestre dédiée à la gymnastique. Ces thermes étaient uniques dans la région et attiraient des clients de loin.
En plus de cela, un nouveau sanctuaire a été associé à l’ancien sanctuaire celte, et les Romains ont continué à utiliser le site en raison de sa situation stratégique sur une route principale.
Les invasions des Alamans au IIIe siècle ont causé des ravages, détruisant les thermes, mais l’exploitation du sel est restée active. Les ruines ont été utilisées par de petits sauniers pour la réduction de l’eau salée et d’autres activités artisanales. Les fouilles ont révélé des pièces de monnaie datant du IVe siècle, témoignant de cette période troublée.
Au IVe siècle, après le retour à la stabilité, les habitants locaux ont réinvesti le site et ont perpétué le caractère sacré de l’eau en érigeant un puits entouré d’une enceinte.
Cependant, l’extraction du sel aux Fontaines Salées a pris fin au Moyen Âge avec l’introduction de l’impôt de la gabelle. Les populations locales vendaient du sel de manière illégale, ce qui a entraîné une répression sévère de la part des autorités.
En 1767, afin de prévenir toute utilisation frauduleuse par les habitants, les sources ont été enterrées et les puits ont été comblés.
Ainsi, les Fontaines Salées représentent un lieu chargé d’histoire, depuis la production de sel à l’Âge du fer jusqu’à l’époque gallo-romaine, avec la présence de thermes, d’un sanctuaire et d’une vie commerciale florissante. Malgré les vicissitudes de l’histoire, ce site a conservé son aura sacrée.
Le site a été classé Monument Historique par les arrêtés du 25 janvier 1936 et du 14 janvier 1942.
Sources : Wikipédia, panneaux sur site, office du tourisme. Abbé Bernard Lacroix, Saint-Père-sous-Vézelay. Origines et évolution, librairie Voillot, 1993. Olivier Weller, « Les cuvelages en bois des Fontaines Salées de St Père. Recherches récentes sur une exploitation du sel de plus de 4000 ans », Bulletin de la Société des Fouilles Archéologiques et des Monuments Historiques de l'Yonne, no 19, 2002.
Quelques photos du musée et du site archéologique :
Pour s’y rendre :
Depuis Vézelay, prendre la D957 en direction de St-père. Au centre de St-Père, tourner à droite Rue de la Mairie, puis continuer tout droit Rue de l’Abbé Pissier, passer devant le cimetière en sortant de la commune, puis continuer sur 900 mètres, puis tourner à gauche jusqu’au parking du site archéologique.
A proximité :
Sur la carte :
Les Fontaines Salées de Saint-Père sont un endroit fascinant et instructif. J’ai beaucoup appris sur l’histoire du site et sur la vie quotidienne des Gaulois grâce au centre d’interprétation. C’est une visite que je recommande vivement à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire et à l’archéologie.