Le site d’Andilly-en-Bassigny est localisé dans la commune d’Andilly-en-Bassigny, dans le département de la Haute-Marne. Il est situé à proximité d’une voie romaine secondaire partant de Langres jusqu’à Bourbonne-les-Bains. Les fouilles archéologiques ont révélé une nécropole mérovingienne ainsi qu’une villa gallo-romaine avec des thermes monumentaux bien conservés. Les fouilles ont été accordées par différents chercheurs, dont Pierre Ballet et Thérèse Zeyer de la Société des Sciences Naturelles et d’Archéologie de Haute-Marne. Les recherches bénévoles ont pris fin en 1992, mais des fouilles professionnelles ont repris depuis 2007, supervisées par la conservation du patrimoine du conseil départemental de la Haute-Marne.
Le site archéologique d’Andilly en Bassigny est, vous l’aurez compris, un important complexe gallo-romain situé dans la région du Bassigny, à proximité du mont Mercure. Les premières découvertes archéologiques remontent à 1832, avec la mise au jour d’un sarcophage mérovingien et de vestiges de constructions. En 1895, des recherches supplémentaires ont produit des vestiges identifiés comme étant ceux d’un temple ou d’un édifice important. À partir de 1961, la Société de Sciences Naturelles et d’Archéologie de la Haute-Marne entreprend un vaste programme de fouilles qui se poursuit pendant près de trente ans. Les fouilles mises en œuvre progressivement au jour une villa gallo-romaine avec son complexe thermique, ainsi qu’une nécropole mérovingienne ultérieurement.
Le site se distingue par l’ampleur des découvertes de structures et est un des témoignages visitables d’une occupation rurale de grande envergure dans l’est de la France. La villa est typique des vastes établissements ruraux gallo-romains, avec une situation géographique favorable près de la voie romaine et des vestiges étendus. Les fouilles ont permis de comprendre l’architecture et le fonctionnement de la villa, ainsi que son importance agricole et artisanale.
Les objets mis à jour lors de la découverte de la villa démontre la richesse de ses occupants : Céramiques (amphores, coupes décorés, gobelets, encriers), de nombreux outils en métal (enclume, couteaux, faucille, truelle, clef, tuyaux en plomb….), objets en pierre (meule à grain, cadran solaire…), objets en os ou en bois de cerfs et bien sûr, de la monnaie.
Chronologie générale :
1er siècle avant notre ère : Le site connaît ses premières occupations, avec la présence de villages gaulois.
52 avant notre ère : La région est conquise par Jules César et devient partie intégrante de l’Empire romain.
1er siècle de notre ère : La période gallo-romaine débute, marquée par la construction de bâtiments romains et l’implantation de villas gallo-romaines.
5e-6e siècle : La chute de l’Empire romain d’Occident et l’arrivée des Francs dans la région marquent le début de la période mérovingienne. Des sarcophages mérovingiens sont alors utilisés pour les sépultures des élites et des personnages importants de cette époque. Ils ont nommé les changements culturels et religieux survenus après la chute de l’Empire romain.
6e-8e siècle : La région connaît une période de transition entre les influences romaines et les traditions germaniques des Francs. Les sarcophages méroving culturels continueront d’être utilisés pour les sépultures, mais leur style et leur iconographie évolueront pour permettre la nouvelle identité.
Moyen Âge : Le site gallo-romain est souvent délaissé et les sarcophages mérovingiens peuvent être réutilisés, déplacés ou même endommagés au fil du temps.
Époque moderne : Les vestiges romains et mérovingiens du site commencent à être redécouverts et approfondis par les archéologues. Les sarcophages mérovingiens découverts sont enregistrés comme des témoignages précieux de la période mérovingienne et sont préservés en tant que pièces importantes du patrimoine.
19e-20e siècle : Les fouilles archéologiques se multiplient, permettant de mieux comprendre l’organisation et la vie quotidienne de l’époque gallo-romaine et mérovingienne.
La villa gallo-romaine d’Andilly-en-Bassigny date du Ier au IVe siècle de notre ère. Elle comprend plusieurs bâtiments, dont une résidence principale, des bâtiments agricoles, des thermes et des espaces de production artisanale. Les fouilles ont révélé des éléments architecturaux remarquables, tels que des mosaïques, des hypocaustes (systèmes de chauffage par le sol), des systèmes de distribution d’eau et des éléments de décoration.
Les hypocaustes étaient un système de chauffage par le sol utilisé dans les bâtiments romains, y compris les villas gallo-romaines. Voici comment ils fonctionnaient :
- Construction du système : Tout d’abord, un réseau de conduits de circulation d’air chaud était intégré sous le sol du bâtiment. Ces conduits étaient généralement fabriqués en briques, en tuiles creuses ou en pierre.
- Foyer et circulation d’air : Le système était alimenté par un foyer situé à l’extérieur du bâtiment, généralement dans une pièce séparée appelée praefurnium. Le foyer produisait de la chaleur et des gaz de combustion. Les gaz chauds étaient ensuite dirigés dans les conduits de circulation d’air, qui étaient surélevés par rapport au sol grâce à des piliers ou des supports.
- Répartition de la chaleur : Les conduits de circulation d’air chaud étaient répartis de manière stratégique sous le sol du bâtiment, couvrant généralement les espaces de vie principaux tels que les salles de réception, les chambres et les bains. Les conduits pourraient également être placés dans les murs pour chauffer les espaces adjacents.
- Chaleur radiante : L’air chaud circulait à travers les conduits, chauffant les sols et les murs. La chaleur se diffusait ensuite dans la pièce par rayonnement, permettant ainsi une chaleur agréable et uniforme.
- Sortie des gaz de combustion : Les gaz de combustion étaient évacués à l’extérieur du bâtiment par des cheminées ou des conduits spécifiques, contribuant ainsi à maintenir un environnement intérieur sain et sûr.
- Régulation de la chaleur : Les hypocaustes étaient dotés de dispositifs de régulation permettant de contrôler la température, tels que des clapets et des registres. Ces dispositifs permettaient d’ajuster le débit d’air chaud et de moduler la température dans les différentes parties du bâtiment.
Les hypocaustes étaient un système avancé pour l’époque, offrant un chauffage efficace et luxueux dans les habitations romaines. Ils étaient souvent associés aux bains publics (thermes), où la chaleur des hypocaustes était utilisée pour chauffer l’eau des bains et les salles de bains elles-mêmes. Ce système de chauffage perfectionné par le sol était l’un des éléments de confort caractéristiques des villas gallo-romaines.
Les thermes de la villa sont particulièrement bien conservés et constituent l’un des éléments les plus remarquables du site. Ils comprennent un caldarium (salle chaude), un tepidarium (salle tiède) et un frigidarium (salle froide), ainsi que des salles annexes. Les murs des thermes étaient richement décorés de peintures murales et les sols étaient recouverts de mosaïques.
La villa gallo-romaine d’Andilly-en-Bassigny était probablement le centre d’une exploitation agricole prospère. Les fouilles ont mis en évidence des structures agricoles, telles que des greniers, des pressoirs à huile et à vin, ainsi que des ateliers de poterie et de métallurgie. Ces découvertes suggèrent une activité agricole intensive et une production artisanale proposée.
La nécropole mérovingienne, située à proximité de la villa gallo-romaine, témoigne de l’occupation du site à une période ultérieure, entre le Ve et le VIIIe siècle de notre ère. Des sépultures avec des sarcophages et des objets funéraires ont été découvertes, offrant des informations sur les pratiques funéraires de l’époque.
Cet ensemble archéologique se trouve au pied du Mont-Mercure. Un temple aurait été construit a son sommet, à 443 mètres d’altitude, Ce temple était dédié à Mercure. Mercure est une figure importante de la mythologie romaine. Il s’agit du dieu romain du commerce, des voyages, des messagers, des voleurs, de la chance et des bénéfices financiers. Il était souvent associé à Hermès, le dieu grec équivalent.
Aujourd’hui, le site archéologique d’Andilly-en-Bassigny est ouvert au public et géré par la conservation du patrimoine du conseil départemental de la Haute-Marne. Les visiteurs peuvent découvrir les vestiges de la villa gallo-romaine, y compris les thermes, ainsi que les sépultures mérovingiennes. Des panneaux d’interprétation et des visites guidées permettent de mieux comprendre l’histoire et l’importance de ce site archéologique majeur de la région du Bassigny.
Le site est classé au titre des Monuments Historiques depuis 1986.
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis Langres prendre la D74 en direction de Bannes, continuer puis tourner en direction de Neuilly-l’Évêque, continuer sur la D35 jusqu’à Andilly-en-Bassigny. Prendre la rue Bergère et continuer sur la petite route jusqu’au parking du site archéologique.
A proximité :
- Musée d’Art et d’Histoire de Langres
- Musée de la Coutellerie à Nogent
- Dolmen de la Pierre Alot à Vitry-Lès-Nogent
- La Tufière de Rolampont
Sur la carte :