Les Dames de Meuse – Saint-Mihiel (55)

Saint-Mihiel, commune située au cœur de la Meuse, se trouve entre Bar-le-Duc et Verdun, non loin de Metz et Nancy. L’un des lieux incontournable est le site des Dames de la Meuse, un ensemble de falaises calcaires d’environ 20 mètres de haut, s’étirant en rive droite de la Meuse. Ces formations naturelles, alignées du nord au sud, surplombent la vallée et offrent une vue imprenable sur les paysages environnants.

Les Dames de la Meuse sont bien plus que des formations rocheuses spectaculaires. Elles constituent un patrimoine chargé d’histoire et de légendes. Selon une tradition locale, ces sept roches étaient autrefois des jeunes femmes pécheresses qui furent pétrifiées pour avoir bravé un interdit divin. Elles incarnent la mémoire vivante de la ville, figurant même sur son blason accompagné de la devise latine « Donec moveantur », soulignant leur importance culturelle et symbolique. La devise « Donec moveantur », qui signifie « jusqu’à ce qu’elles bougent », associe le destin de Saint-Mihiel à celui des « Dames de Meuse » : la pérennité de la ville semble garantie tant que ces imposantes falaises restent immobiles.

La légende des Dames de la Meuse :

Selon la légende, à l’époque où la cité de Saint-Mihiel portait encore le nom de Godonécourt, sept fées (ou sorcières selon la variante) malveillantes auraient entrepris de submerger la ville. Leur plan consistait à jeter d’immenses rochers dans la Meuse afin de former un barrage et provoquer une inondation dévastatrice. Cependant, l’archange Saint Michel intervint pour contrer leur dessein. Terrifiées, les fées abandonnèrent les rochers sur place. En hommage au protecteur céleste, la ville fut renommée Saint-Mihiel, également appelée Sint-Mié en Lorrain roman. Les roches, vestiges de cet affrontement légendaire, attirent encore aujourd’hui de nombreux visiteurs. L’une d’elles abritait jadis une statue de Ligier Richier, dont les œuvres remarquables, telles que La Pâmoison de la Vierge et la célèbre Mise au tombeau, ornent les églises Saint-Michel et Saint-Étienne.

Au sommet de la Roche du Calvaire, l’une des formations les plus accessibles, une statue de la Vierge trône majestueusement. Ce monument, érigé dans un esprit de dévotion, attire les visiteurs en quête de spiritualité ou simplement désireux d’admirer le panorama. Une crypte ancienne se cache également à cet endroit, renforçant l’atmosphère mystique des lieux. Cette roche est devenue un symbole de protection et de foi, un point incontournable pour ceux qui explorent Saint-Mihiel.

Ces formations ne doivent pas uniquement leur existence à une imagination commune,, mais plutôt d’un processus naturel fascinant. Autrefois partie d’une immense falaise continue, elles sont le résultat d’une érosion millénaire. Sous l’effet des forces de la nature, les portions les plus fragiles ont fini par céder, isolant ces roches les unes des autres. Si certains spécialistes attribuent cette transformation principalement aux intempéries, d’autres estiment que la Meuse, bien que distante, a pu jouer un rôle indirect dans ce phénomène. Ces questions géologiques demeurent ouvertes et continuent d’intriguer les passionnés d’histoire naturelle.

Chacune des formations rocheuses qui composent ce site fascinant est dotée d’une identité propre, inscrite dans la tradition locale. La première que l’on a déjà évoquée, est connue sous le nom de Roche du Calvaire, elle se distingue par un calvaire érigé à son sommet, et elle renferme dans ses parois une sculpture datant de 1772, œuvre de Mangeot. L’artisanat sculptural a laissé des œuvres remarquables, dont ce tombeau orné de frises finement travaillées, mêlant entrelacs et torsades. Sur cette structure élégamment moulurée repose une représentation du Christ inspirée du célèbre Christ du Sépulcre de l’église Saint-Étienne. Cette œuvre est signée par Claude-François Mangeot, un sculpteur natif de la région, qui s’illustra par son talent et sa précision. Ancien élève du maître Coustou, Mangeot s’imposa comme une figure de la sculpture classique. À Saint-Mihiel, son art ne se limite pas aux œuvres religieuses : il est également l’auteur du fronton de la caserne de cavalerie, démontrant sa polyvalence et sa maîtrise de différentes formes artistiques. Ce tombeau témoigne de son savoir-faire, alliant spiritualité et esthétisme dans une composition où chaque détail semble empreint d’une symbolique profonde. Cette réalisation artistique en fait un point d’intérêt à la fois spirituel et historique. La deuxième roche, quant à elle, semble avoir perdu son nom au fil des générations, ajoutant une touche d’énigme à ce tableau. Plus loin, la troisième roche est appelée la Ronde Falaise ou encore la Grosse Roche, tandis que la quatrième porte le nom de Roche Plate. Les suivantes arborent des désignations mystérieuses et évocatrices, comme le Four du Diable ou la Table du Diable, jusqu’à la plus petite, simplement appelée la Petiote.

Les imposantes formations rocheuses de Saint-Mihiel, connues sous le nom des « Dames de Meuse », fascinent par leur histoire géologique, archéologique et légendaire. Parmi elles, la Roche Plate offre un intérêt particulier. Pendant le Paléolithique supérieur, il y a environ 13 000 ans, sa base servait d’abri sous roche et de halte pour les chasseurs préhistoriques. Les fouilles réalisées sur ce site ont révélé des vestiges remarquables : des outils magdaléniens, des restes d’animaux adaptés aux climats froids tels que des rennes ou des lemmings, ainsi que des traces de foyers.

Une autre roche intrigante était la Table du Diable, située au sommet de la Roche de la Guinguette. Cette formation, ressemblant à une table sculptée par l’érosion, a malheureusement été détruite lors de la Première Guerre mondiale. Avant cette perte, elle faisait partie d’un lieu animé où les habitants venaient danser et se divertir en plein air, comme en témoignent encore les mortaises taillées dans la roche, vestiges des aménagements d’autrefois. La roche conserve également une rampe creusée qui mène à un autre abri sous roche, offrant un aperçu fascinant des interactions entre l’homme et la nature à travers les siècles.

Sur les pans verticaux des falaises, les amateurs de géologie peuvent observer des fossiles de coraux et d’échinodermes, témoins d’un passé marin datant de plusieurs centaines de millions d’années.

Enfin, les découvertes réalisées sur le site ne se limitent pas à ces roches. À proximité, des galeries datant du Néolithique attestent de l’activité humaine intense dès 2100 avant notre ère, notamment pour l’exploitation de carrières. Ces traces, accompagnées des vestiges gallo-romains retrouvés sur le territoire communal, ancrent Saint-Mihiel dans une histoire continue où la nature et les hommes ont laissé leur empreinte.

Bonne visite !

Depuis Saint-Mihiel, prendre la direction de Rouvrois-sur-Meuse via la D964. A la sortie de Saint-Mihiel, au niveau du Faubourg de Verdun, les falaises se trouvent sur la droite.

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