Située aux Mouilles, dans la région de Burtigny, la Pierre à Phébou est une de ces mystérieuses pierres gravées que l’on retrouve dans plusieurs parties du Jura. Ce type de pierre est souvent désigné comme une « pierre à cupules » ou « pierre à écuelles« , en raison des petites cavités circulaires creusées à sa surface. Ces marques sont issues d’un travail humain dont l’origine remonte à des époques très anciennes, parfois jusqu’à 4000 avant J.-C., au Néolithique. Les gravures présentes sur la pierre témoignent d’une époque où la spiritualité occupait une place centrale dans la vie quotidienne des populations préhistoriques.
Ce bloc de pierre, de dimensions impressionnantes – environ 350 cm de large et autant de long – se distingue par ses soixante-quinze cupules réparties sur sa surface. Ces dépressions, dont le diamètre varie entre 4 et 14 cm, sont parfaitement circulaires, ce qui suscite l’émerveillement des chercheurs, car leur régularité défie souvent l’idée d’une simple œuvre de hasard ou d’outil rudimentaire. Il est fascinant de constater que certaines de ces cupules semblent extrêmement profondes, laissant penser qu’elles ont pu être creusées pour des raisons rituelles ou cérémonielles.
La symbolique associée à ces pierres est souvent liée aux rites de fertilité, aux cérémonies d’offrandes ou encore à des sacrifices, bien que les archéologues n’aient pas encore totalement percé leurs secrets. Certaines hypothèses suggèrent qu’il s’agirait de véritables autels, utilisés pour des pratiques religieuses ou sociales complexes. Le fait que plusieurs autres pierres similaires soient répertoriées dans le canton de Vaud et qu’elles soient classées monuments historiques souligne leur importance patrimoniale.
Les gravures circulaires visibles sur la Pierre à Phébou intriguent non seulement par leur précision, mais aussi par la question des outils employés. À une époque où les métaux n’étaient pas encore utilisés, les populations néolithiques devaient s’appuyer sur des matériaux naturels. Les spécialistes estiment que ces cupules ont été creusées à l’aide de pierres plus dures comme le silex, une roche très résistante et tranchante, idéale pour tailler dans des surfaces rocheuses. L’usage répété de ces outils rudimentaires, associés à une patience infinie, a permis de creuser des cupules parfaitement rondes, parfois très profondes.
Cette hypothèse est renforcée par l’observation des cupules elles-mêmes : leurs bords sont réguliers et montrent peu de traces de travail grossier, ce qui suggère une maîtrise étonnante pour l’époque. Il est également possible que de simples galets aient été utilisés pour polir les creux, nécessitant des heures, voire des jours de travail acharné pour chaque cavité. Cette minutie témoigne de l’importance que ces gravures pouvaient avoir pour ces populations, qu’il s’agisse de marquer des rites sacrés ou de créer des symboles durables de leurs croyances.
Ces détails nous plongent dans le quotidien d’un monde disparu, où chaque geste était chargé de sens et où l’homme façonnait la pierre non pas seulement par nécessité, mais pour dialoguer avec le sacré ou la nature. Le simple fait de contempler ces cupules aujourd’hui permet de mesurer la ténacité et l’habileté de nos ancêtres, qui ont laissé sur cette pierre l’empreinte silencieuse de leur dévotion.
Près de cette pierre monumentale, un autre fragment portant des cupules attire l’attention. Celui-ci est sans doute un vestige d’une pierre plus grande, partiellement détruite au fil du temps ou par des intempéries. L’érosion et le passage du temps n’ont pas effacé les traces d’une activité humaine aussi ancienne qu’énigmatique. Les randonneurs curieux peuvent accéder à cette seconde pierre en suivant un sentier.
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis Burtigny, prendre la route des Matagasses, puis, à la sortie de la commune, route du Molard, tourner à gauche à la ferme « sur la Motte », puis continuer sur cette petite route jusqu’à l’orée du bois. Laisser le véhicule et continuer sur la route goudronnée, entrer dans la forêt puis au prochain croisement, tourner à gauche.. Continuer sur 200-300 mètres puis, vous verrez la pierre sur la gauche.
A proximité :
- La Pierre du Serpent à Burtigny
- La Pierre à Roland à Burtigny
- La Pierre à Mille Trous à Burtigny
- Ruines de la chartreuse d’Oujon à Arzier-le-Muids
Sur la carte :