Les vestiges gallo-romains des Cars font partie des rares témoins de l’histoire lointaine de la Haute-Corrèze et se situent au cœur des forêts du Plateau de Millevaches. Ces ruines se trouvent à mi-chemin entre les communes de Pérols-sur-Vézère et de Saint-Merd-les-Oussines. Les ruines gallo-romaines des Cars datent de la première moitié du IIe siècle après J.-C. et sont composées d’un ensemble funéraire et d’une villa. Elles sont classées au titre des Monuments Historiques depuis 1935.
Les fouilles ont été menées pour la première fois en 1936 par Marius Vazeilles. Le site des Cars témoigne de l’implantation de la civilisation gallo-romaine dans la Montagne limousine. Les vestiges du site, qui comprennent deux mausolées (dont un grand) et une villa gallo-romaine, sont de grandes importances. Il est désormais presque certain qu’il s’agissait même d’un sanctuaire.
Marius Vazeilles, personnalité française née le 29 juillet 1881 à Messeix (Puy-de-Dôme) et décédée le 7 juin 1973 à Meymac (Corrèze), a mené une vie riche et passionnante. Il a exercé plusieurs métiers, notamment celui d’expert forestier, de syndicaliste, d’homme politique et d’archéologue. Il a développé une véritable passion pour l’archéologie et s’est spécialisé dans les périodes gauloises, gallo-romaines et mérovingiennes, étudiant notamment les traces de ces époques sur le plateau de Millevaches. Pépiniériste et expert forestier à Meymac, Marius Vazeilles a créé l’implantation de près de 400 nouvelles espèces forestières inconnues dans la région et planté 38 hectares d’arboretum, connu sous le nom de l’arboretum du puy Chabrol. Engagé politiquement, Marius Vazeilles a été membre du Parti socialiste SFIO en 1918 avant de rejoindre le Parti communiste dès le congrès de Tours en décembre 1920. Élu député du Front populaire pour la circonscription d’Ussel en 1936, il a cependant été déchu de son mandat en 1940 après avoir approuvé la signature du pacte germano-soviétique et rejoint le groupe ouvrier et paysan français, créé en remplacement du groupe communiste dissous à la Chambre des députés. Sa position politique lui a valu une condamnation à 4 ans de prison avec sursis, une amende de 4 000 francs et 5 ans d’interdiction de séjour.
Découvert par Marius Vazeilles aux alentours de 1917. Ce professionnel de la forêt, passionné et très compétent en matière de géographie, parcourt régulièrement le Plateau de Millevaches pour exercer son métier. Dans son livre intitulé « La mise en valeur du plateau de Millevaches », il décrit sa découverte de l’implantation humaine et son impact sur le paysage local.
Un élément attire particulièrement son attention : un grand bassin en granit, partiellement enfoui au fond d’un vallon. Ce bac, qui mesure plus de 6 mètres cubes, suscite la curiosité de Marius Vazeilles, qui se demande quelle était sa fonction à l’époque.
Cependant, les fouilles archéologiques du site ne commencent que dans les années 1930. Baptisé « le Bac des Cars » par les locaux en raison de la citerne en granit qui est l’emblème du lieu, le site des Cars était un point de repère dans le paysage pendant longtemps, car il était visible même si le reste de la villa était enterré.
La villa gallo-romaine des Cars :
Les vestiges d’une villa romaine : datant du IIe ou IIIe siècle de notre ère, située près d’un ruisseau. Cette villa était particulièrement somptueuse, avec de l’eau courante, du chauffage, des mosaïques et des enduits peints décorant ses murs. Elle était composée de deux parties, dont l’une était plus ancienne que l’autre. À la fin du IIe siècle ou au début du IIIe siècle, la villa a subi un incendie qui a entraîné sa reconstruction et son agrandissement.
La villa comprenait une cour intérieure fermée par une galerie couverte menant aux pièces d’habitation. Dès l’origine, elle disposait d’une réserve d’eau contenue dans une cuve en granite monolithe de huit tonnes, avec des canalisations en plomb acheminant l’eau vers l’habitation et les thermes. Ces derniers étaient équipés d’une piscine chauffée, d’un caldarium*, d’un tepidarium** et d’un frigidarium***, le tout chauffé par un hypocauste.
*Caldarium : une salle de bain chaude dans les thermes romains. **tepidarium : une salle de bain tiède dans les thermes romains ***frigidarium: une salle de bain froide dans les thermes romains.
On peut encore voir aujourd’hui les vestiges de deux cuisines, ainsi qu’une hache mérovingienne retrouvée dans l’une d’elles, ce qui suggère que la villa a été réoccupée aux alentours du Xe siècle. La pièce d’apparat, la plus à l’est de la villa, se distinguait par sa taille et sa riche décoration. Elle offrait une vue sur l’étang artificiel depuis une terrasse, et comprenait une fontaine circulaire en granite ainsi qu’une grande mosaïque au sol. Des fragments de vitres en verre ont également été découverts lors des fouilles.
L’ensemble de ces éléments suggère que cette villa était très luxueuse et confortable, peut-être la résidence de riches propriétaires terriens romains ou de hauts fonctionnaires de l’époque. Elle offre ainsi un aperçu fascinant de la vie quotidienne à cette époque, ainsi que des techniques de construction et de chauffage sophistiquées utilisées à l’époque romaine.
Au IIe siècle, la pratique de l’incinération était largement répandue dans l’Empire romain, y compris en Gaule. C’était une pratique courante pour les personnes de toutes les classes sociales, bien que les riches aient tendance à avoir des funérailles plus élaborées avec des monuments funéraires plus importants. Lorsqu’une personne mourait, son corps était préparé pour l’incinération. Les Gallo-Romains mettaient souvent des vêtements neufs sur le corps et le couvraient d’huiles et de parfums avant de le placer sur un bûcher funéraire. Le bûcher était alors allumé et la famille du défunt restait à proximité pendant que le corps était réduit en cendres. Après l’incinération, les cendres étaient rassemblées et placées dans une urne funéraire. Les urnes funéraires étaient souvent décorées avec des motifs tels que des scènes mythologiques ou des symboles funéraires, et pouvaient être en céramique, en verre, en pierre ou en métal. Les urnes funéraires étaient ensuite enterrées ou placées dans un monument funéraire, tel qu’une tombe ou un mausolée. Les monuments funéraires étaient souvent construits pour abriter les cendres de toute une famille et pouvaient être très élaborés, avec des sculptures et des inscriptions commémoratives.
Le sanctuaire des Cars :
Longtemps considéré comme un temple, l’espace funéraire est occupé par deux mausolées qui servaient à recevoir les cendres des riches propriétaires de la villa voisine, et n’étaient donc pas destinés à vénérer une divinité. Lors de la visite, on peut toujours voir l’emplacement du coffre où l’on plaçait l’urne funéraire. Pour le premier mausolée, le coffre était en bois, et l’urne en verre blanc. A l’intérieur du second mausolée, le coffre était en pierre. Il existe toujours et a été réemployé en cuve baptismale dans une chapelle non loin d’ici, il s’agit de la chapelle Saint-Leonard à Barsanges. Sur le pourtour se développe une scène de chasse au cervidé et au sanglier. Ce temple-tombe était plus grand, de forme rectangulaire et pourvu d’une abside.
Il semblerait que des barbares soient passés aux ruines des cars au IIIème siècle, et qu’ils se soient servis en matière noble. Plus récemment, les habitants des hameaux voisins se sont servis sur le site comme une carrière de pierres.
Les fouilles attestent que le site n’a pas été abandonné mais détruit de façon violente, peut être aux alentours de 275 après J.-C.
Le site est ouvert au public et un musée situé à Meymac expose des objets découverts aux Cars.
Sources : Panneaux sur site, wikipedia, Association du Bac des Cars, Claude Latta, Le Guide de la Corrèze, Lyon, La Manufacture, 1988, Guy Lintz et Isabelle Sautereau, Sanctuaires et habitat antiques de la montagne limousine : Les Cars, Corrèze, Limoges, Culture et patrimoine en Limousin, 1996.
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis Saint-Merd-les-Oussines, prendre la D78 en direction de Pérols-sur-Vézère, passer la croix du Niarfeix, puis le hameau du Niarfeix. Au prochain croisement, tourner à gauche (panneau indiquant les ruines des Cars), suivre cette route jusqu’au Parking.
Ruines Gallo-Romaines des Cars – 19170 Saint-Merd-les-Oussines
A proximité :
- Le pont de Variéras à Pérols-sur-Vézère
- L’Église Saint-Pardoux de Bugeat
- Saint-Merd-les-Oussines : Enfeu médiéval et gisant
- Musée archéologique Marius Vazeilles à Meymac
Sur la carte :
Un site gallo romain incontournable en Occitanie
Site vraiment bien, et bien entretenue. Toutefois, p our bénéficier d’une compréhension approfondie du site, il est recommandé de suivre une visite guidée, car les panneaux explicatifs ne fournissent qu’une présentation générale et soulèvent souvent de nombreuses questions.
ça me rappel mon enfance, on y allait tous les ans avec mes parents
La visite guidée gratuite était une vraie pépite, même les enfants ont adoré ! Notre jeune guide a vraiment su susciter notre curiosité et nous donner envie d’en apprendre davantage sur ce site de découverte. L’atmosphère y est tellement agréable, et nous avons été chaleureusement accueillis. C’est une expérience à ne pas manquer, foncez sans hésiter ! »
Les vestiges gallo-romains des Cars sont un incontournable en Corrèze. Marcher parmi ces ruines, c’est comme voyager dans le temps. Merci à vous pour cette découverte !