Le château-forteresse de Montrond, déployé dans la commune de Saint-Amand-Montrond dans le département du Cher en France, demeure l’unique fortification bastionnée située en plein centre du pays. Sa construction remonte au XIIIe siècle lorsque Renaud de Montfaucon en prit les commandes. Depuis, elle a connu plusieurs agrandissements et rénovations, notamment sous le règne de Sully au début du XVIIe siècle. Ce dernier a ajouté à la forteresse un système de fortifications bastionnées puissantes, imaginé par Jean Sarrazin pour le Prince de Condé, qui la dote d’une grande efficacité stratégique. Malgré sa prise initiale par les Anglais en 1361, la forteresse a prouvé sa valeur défensive et a été reconstruite au siècle suivant par Charles II d’Albret. Elle possédait alors douze tours.
Charles II d’Albret, sire d’Albret et comte de Dreux, était un membre important du Conseil royal de Charles VII de France et un compagnon d’armes de Jeanne d’Arc. Il est né en 1407 et mort en 1471. Charles II s’est marié avec Anne d’Armagnac et a eu six enfants, dont Jean Ier d’Albret et Jeanne II d’Albret. Il a également aidé Arthur de Richemont lors de l’arrestation de Pierre II de Giac et a été nommé lieutenant dans le Berry par Charles VII, avec le comté de Gavre et la seigneurie de Florence en récompense.
La première mention du château date de 1225, et on attribut sa construction à Renaud de Montfaucon. Il existait trois Renaud de Montfaucon du Berry, Le premier est Renaud Ier de Montfaucon en Berry, qui serait né vers 1075 à Villequiers dans le Cher en France et mort après 1130. Il était Seigneur de Sancergues et de Montfaucon-en-Berry. Le deuxième est Renaud de Montfaucon-en-Berry, qui serait né vers 1125 et mort en 1184. Il était également Seigneur de Montfaucon-en-Berry. Enfin, un autre Renaud de Montfaucon en Berry, dont on connaît un testament écrit vers 1250, était lui aussi, un seigneur du Berry. Il a rédigé son testament en décidant de partager son héritage entre de nombreux bénéficiaires laïques et ecclésiastiques, majoritairement des Cisterciens. Renaud était un vieux seigneur veuf et sans descendance, et son testament témoigne de sa préoccupation pour les questions spirituelles de son époque. Les legs comprennent des sommes importantes d’argent fin, des rentes, des terres, des biens matériels tels que des robes, des armures, des mesures de grain et des livres d’heures, ainsi que des dons à des pauvres, des jeunes filles sans dot, des malades soignés à l’hôtel-Dieu de Montfaucon et des étudiants. Les églises de campagne et les Cisterciens sont les principaux bénéficiaires de ses largesses. Fontmorigny, où il a fondé une nécropole familiale, a reçu la plus forte somme. Renaud a également demandé à y être enterré.
La famille des sires de Montfaucon, une maison féodale berrichonne notable au Moyen Âge. Cette famille était protectrice de l’abbaye de Fontmorigny à Menetou-Couture et possédait des fiefs à Sancergues, Herry et La Grange à St-Bouize. Au XIIe siècle, Renaud Ier de Montfaucon était le chef de cette famille et avait épousé Agnès, fille d’Eudes-Archambaud III de Sully. Renaud II de Montfaucon a épousé Mathilde de Charenton, mais leur fils Renaud III est mort sans descendance directe, et la baronnie de Charenton-Montfaucon a été divisée en 1250. Montfaucon a ensuite été transmis aux Bommiers/Beaumetz, puis aux Roucy-Pierrepont et aux Sancerre
La période mouvementée du XVIe siècle, marquée par les guerres de religion, a entraîné une forte dégradation du monument.
La période de la Fronde : une série de révoltes et de guerres civiles qui ont secoué la France au XVIIe siècle. Au Moyen Âge, le territoire est partagé entre deux cités, Saint-Amand-le-Chastel et Saint-Amand-sous-Montrond, toutes deux dominées par la forteresse de Montrond. Elle a été le théâtre d’un siège en 1651, lorsque le maréchal de Palluau a tenté de la réduire avec une armée d’environs 4 000 hommes. Bien que les assiégés aient souffert de la faim après onze mois d’occupation, ils ont réussi à résister et à sortir dans l’honneur le 1er septembre 1652, malgré la perte de vingt des leurs.
Le souvenir de ce siège a laissé une impression durable sur la population locale, qui a subi des pillages et des logements forcés de soldats chez l’habitant. Louis XIV ( le Roi-Soleil ) a ordonné le démantèlement de la forteresse après le siège, en raison du manque de poudre, seuls quelques bastions ont été endommagés. La Fronde a été une période de grande instabilité en France, avec des conséquences dévastatrices pour les populations civiles et les monuments historiques tels que la forteresse de Montrond.
Le XVIIe siècle marque une nouvelle étape dans l’histoire de la forteresse avec la rénovation et l’agrandissement menés par Sully pour en faire la place la plus solide du Berry. En 1621, Henri II de Bourbon-Condé en fit l’acquisition, et œuvra à rendre le château imprenable. Suivront d’autres propriétaires dont Mademoiselle de Charolais (Louise-Anne de Bourbon-Condé) à partir du XVIIIe siècle, qui finira par ordonner sa destruction en 1736. Depuis cette période, la forteresse est devenue une carrière pour les habitants de Saint-Amand-Montrond. En 1827, les vestiges de la forteresse seront démolis et les ruines seront recouvertes d’un jardin public. Depuis 1969, des fouilles régulières ont été entreprises.
Louise Anne de Bourbon, également connue sous le nom de Mlle de Charolais ou Mlle de Sens, était la fille de Louis III de Bourbon-Condé et de Louise Françoise de Bourbon. Elle est née à Versailles en 1695 et est morte à Paris en 1758. Bien qu’elle ait été titrée Mademoiselle de Charolais, elle a été appelée “Mademoiselle” jusqu’en 1726, date à laquelle elle a perdu le titre et l’a repris en 1728 à la mort de Louise Madeleine d’Orléans. Elle est surtout connue pour sa vie amoureuse dissolue et son rôle dans les affaires amoureuses de Louis XV. Elle est décrite comme ayant été peu soucieuse du scandale et désireuse de jouer un rôle politique. Elle est morte en 1758 et a été inhumée au couvent des Carmélites du faubourg Saint-Jacques.
Récapitulation des dates importantes :
- 1225 : Premier seigneur de Montrond connu : Renaud de Montfaucon
- 1356 : Les Anglais assiègent la forteresse
- 1412 : Charles d’Albret demeure au château
- 1576 : Les protestants s’emparent du château, ainsi qu’en 1591
- 1605 : Malgré son mauvais état, Sully est le nouveau propriétaire
- 1621 : Racheté par Henri II de Bourbon-Condé
- 1651 : Date du siège lors de la Fronde
- 1735 : Mademoiselle de Charolais hérite du château et le fait démenteler
- 1849 : Le site devient un jardin public
Depuis 1971, les ruines de l’ancienne forteresse ont été mises au jour grâce à l’action de l’association locale de sauvegarde du Cercle d’Histoire et d’Archéologie du Saint-Amandois (CHASA), qui a joué un rôle clé dans la restitution des élévations de la forteresse et propose aujourd’hui des visites guidées.
La promenade autour des remparts est libre et gratuite. La visite guidée permet d’accéder à l’intérieur du site.
Sources : Panneaux sur site, Wikipedia, mairie de Saint-Amand-Montrond, Notice no PA00096877 [archive], base Mérimée, ministère français de la Culture.
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis le centre de Saint-Amand-Montrond, prendre la rue du Docteur Coulon, puis continuer, Avenue Felix Pyat, continuer jusqu’au parking visiteur. La suite se fait à pied.
A proximité :
- Abbaye de Noirlac à Bruère-Allichamps
- Musée Saint-Vic à Saint-Amand-Montrond
- Borne militaire, centre de la France à Bruère-Allichamps
- Prieuré Saint-Julien à Drevant
- Ruines Gallo-Romaine de Drevant
Sur la carte :
Je vous conseil de faire la visite guidée
Saint-Amand-Montrond, c’est une pépite à découvrir ! La ville a un charme authentique et une atmosphère chaleureuse. On y trouve un mélange de patrimoine historique et d’ambiance contemporaine. Les balades dans les ruelles pittoresques sont un régal, et on ne manque pas de trouver de petits trésors. J’ai adoré ma visite là-bas, une escapade parfaite pour explorer une partie de la France méconnue. Le château par contre nous n’avons pas pu le visiter !