L’Abbaye Notre-Dame d’Acey: Un havre de paix cistercien
L’abbaye Notre-Dame d’Acey est une abbaye cistercienne fondée vers 1134, nichée sur la commune de Vitreux, dans le Jura. Sa fondation est issue de l’abbaye de Cherlieu, et elle a connu une longue et riche histoire, traversant les siècles et les bouleversements.
Construite en un siècle environ, l’église abbatiale présente un plan conforme au modèle cistercien, avec une nef de 19 mètres de haut, défiant la règle de Saint Bernard limitant la hauteur à 9 mètres. Cette particularité intrigue les historiens et suggère une construction postérieure à la mort du saint.
En l’absence de plans ou de représentations des bâtiments antérieurs, les archéologues s’appuient sur des indices ténus lors des réhabilitations pour reconstituer le passé de l’abbaye. La place du puits, la taille de la salle du chapitre et le niveau du cloître ancien esquissent les contours d’un monastère primitif.
L’église, sobre et élégante, reflète le canon cistercien, bien que les chapiteaux et les bases des colonnes révèlent une sophistication croissante vers la nef. L’histoire de l’abbaye est ponctuée de tragédies. En 1683, un incendie accidentel ravage les bâtiments, précipitant la reconstruction du monastère.
Six siècles et demi de vie cistercienne
De 1134 à 1791, l’abbaye d’Acey connait des périodes de paix et de prospérité rythmées par des troubles et des guerres. Les moines doivent parfois fuir, laissant les bâtiments à l’abandon et exposés aux pillages.
La Guerre de Dix Ans (1636-1644) marque un tournant décisif. Le pays est dévasté et l’abbaye subit d’importants dégâts. La reconstruction s’amorce entre 1746 et 1772, conférant à l’église et au monastère leur forme actuelle.
Un renouveau tardif
En 1873, des moines cisterciens de l’abbaye d’Aiguebelle s’installent à Acey et entreprennent des travaux de consolidation de l’église. Le culte est rétabli en 1910 dans la partie voûtée.
L’abbaye, vendue comme bien national en 1791, connait plusieurs propriétaires successifs. En 1830, les Filles de Marie s’y installent et aménagent une chapelle. Après leur départ en 1854, d’autres communautés religieuses occupent les lieux jusqu’en 1937, date à laquelle l’abbaye est achetée par les Frères de Saint-Jean.
Aujourd’hui, l’abbaye Notre-Dame d’Acey est une propriété privée (l’église abbatiale est accessible au public), conservant les traces de son riche passé architectural et spirituel.
Points clés à retenir
- Construction de l’abbaye au XIIe siècle selon le modèle cistercien.
- Ampleur des bâtiments surprenante par rapport à la taille de la communauté.
- Style sobre et élégant de l’église, conforme au canon cistercien.
- Incendie en 1683 et reconstruction du monastère.
- Six siècles et demi de vie cistercienne ponctués de troubles et de paix.
- Reconstruction de l’église et du monastère entre 1746 et 1772.
- Installation des moines d’Aiguebelle en 1873 et restauration de l’église.
- Abbaye aujourd’hui propriété privée, mais l’église abbatiale est accessible au public.
Et pour terminer, voici la légende qui se rattache à l’Abbaye d’Acey :
La légende du frère Adalbert et l’anneau sacré
Charles Thuriet, dans son ouvrage Traditions populaires du Jura (1877), nous conte la légende du frère Adalbert, moine de l’abbaye Notre-Dame d’Acey, et de son funeste destin.
Le révérend abbé de l’abbaye vient de décéder, laissant derrière lui un anneau d’or d’une grande valeur, transmis par l’empereur Conrad. La nuit suivant son enterrement, le frère Adalbert, tenté par la cupidité, s’introduit dans le caveau funéraire pour dérober le précieux joyau.
Cependant, la pierre qui scellait l’entrée du caveau retombe derrière lui, l’enfermant vivant dans les ténèbres. Ses cris et ses appels à l’aide restent vains. Les autres moines, ne le voyant pas à l’office du matin, s’inquiètent, mais ne découvrent aucune trace de lui.
Seuls quelques-uns, la nuit suivante, croient entendre des gémissements provenant du caveau, qu’ils attribuent aux âmes en purgatoire.
Des années plus tard, lors de l’inhumation d’un nouvel abbé, le caveau est rouvert et le corps desséché d’Adalbert est retrouvé au bas de l’escalier, gisant à côté de l’anneau convoité. Cette découverte tragique scelle le destin du moine cupide, condamné à errer pour l’éternité dans les profondeurs de l’abbaye.
Bonne visite !
Sources : Panneaux sur site, Wikipédia, Charles Thuriet, Gemini.
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis Vitreux, prendre la Départementale 459 en direction d’Ougney, tourner à droite sur la D12 en direction de Brésilley. Avant d’arriver sur la commune, tourner à droite en direction de l’Abbaye d’Acey,
A proximité :
- Le chêne de Brésilley
- Cité comtoise de Pesmes
- Parc de sculptures de Malans
- Notre-Dame-du-Bois à Vitreux
Sur la carte :
C’est LA pépite du Jura (je dis pas ça parce que je suis Jurassienne) ! Elle cache une belle légende. Un spot historique à découvrir absolument !