Un chemin romain découvert dans le Doubs
Perchée sur les hauteurs de Besançon, la Chapelle des Buis est un site emblématique offrant une vue panoramique imprenable sur la ville.
Au XIXème siècle, un archéologue a mis au jour un tronçon d’une ancienne voie romaine dans ce secteur. Cette voie, qui était utilisée par les Gaulois, est remarquable par ses caractéristiques uniques.
Une découverte importante
La voie a été découverte lors d’une exploration du plateau situé derrière la citadelle de Besançon. Ce plateau est fermé aux voyageurs depuis la conquête de la Franche-Comté, ce qui a permis aux vestiges de la voie de se conserver intacts.
La voie est constituée d’une tranchée d’un mètre à un mètre et demi de profondeur, creusée par le passage des roues des chars. A certains endroits, la tranchée est si profonde qu’elle atteint une hauteur de quatre à cinq mètres.
Les traces de la voie gauloise sont tantôt une tranchée d’un mètre à un mètre et demi de profondeur, tantôt des restes de sillons marqués successivement à des niveaux toujours de plus bas en plus bas dans le flanc des rochers. Cette empreinte, entièrement due à l’érosion par les roues des voitures, occupe par endroits une hauteur de quatre à cinq mètres. Le nombre des siècles pendant lesquels les chars ont usé à ce point une roche dure, dépasse toutes les idées reçues; car la voie romaine, qui a remplacé la Brot et qui a servi seule depuis l’époque galloromaine jusqu’à Louis XIV, n’offre rien d’analogue.
A cinq ou six cents mètres du retranchement qui relie le fort Tousey à celui de Trois Chatel, on remarque, dans une roche extrêmement compacte, deux ornières parallèles, de 0,30 de profondeur, nettes et polies comme si elles étaient préparées par un marbrier et qu’il n’y eût plus qu’à donner le lustre. Aucune roue de plus de 0,051 de largeur de jante n’eût pu entrer, même avec force, dans ces ornières étroites; enfin les sillons sont si resserrés, si réguliers, si bien évasés au sommet, qu’aucune voiture ne pouvait emprunter la voie sans être appelée dans l’ornière, ni suivre celle-ci sans avoir les dimensions de roues et de voie roulière rigoureusement prescrites et rigoureusement observées. La largeur du train de voiture, ce que l’on appelle la voie roulière, était de moins de 1,21.
Sur les points où le terrain offre une assiette large, il n’y a pas de traces bien marquées, les voitures ayant pu aller un peu à l’aventure. Mais aux passages restreints, comme il s’en trouve un si grand nombre dans ce pays, il n’y a que la voie d’un char; et alors encore le chemin, profondément fouillé, limité entre des parois verticales, pouvait être barré complétement par le moindre obstacle.
Ainsi, d’une part, le chemin gaulois, impraticable pour les chars qui n’auraient pas eu la dimension prescrite, leur rendait les pays de montagne inaccessibles; d’autre part, on pouvait en interdire l’usage, par un barrage facile, même aux chars taillés à la mesure.
En résumé on doit déduire de l’examen du chemin de la Brot:
Qu’à l’époque gauloise les trois espèces de chars connus, savoir la benne (1), la rhède (2) et la petite rhède ou petoritton, avaient la même voie ;
(1) Benne. Grand panier d’osier sur quatre roues. Le nom et la chose ont été empruntés des Gaulois par les latins. Caton. De re rustica. (2) Rhède. Char de voyage et de combat des Gaulois.
Qu’il y avait des règlements pour fixer la voie roulière et les dimensions des roues;
Que cette voie roulière atteignait à peine 1,21, et que la largeur des jantes était au plus de 0,051;
Que le chemin gaulois, profond et réservé au passage d’un seul char dans les gorges et vers les crètes des montagnes, se trouvait ainsi approprié pour qu’il fût facile d’ôter aux armées ennemies le moyen de pénétrer dans le pays.
par M. Alph. DELACROIX
Quelques photos :
Pour s’y rendre :
Depuis le centre de Besançon, se diriger vers Tarragnoz (tunnel sous la citadelle), prendre la direction de Beure, tourner à gauche en direction de la Chapelle des Buis par le Chemin de Malpas, continuer sur le Chemin de la Chapelle des Buis. Surveiller les panneaux indiquant la voie romaine sur votre droite.
A proximité :
- La Citadelle de Besançon
- Le musée du Temps de Besançon
- Le musée archéologique de Besançon
- La grotte Saint-Léonard de Besançon
Sur la carte ;
Merci pour votre article très intéressant qui permet de redécouvrir ce site.